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Lahcen Isaac Hammouch « Qu’est-ce que le plan d’autonomie proposé par le Maroc et désormais soutenu par le Conseil de sécurité de l’ONU ? »

Le 31 octobre 2025, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la résolution 2797 (2025), marquant une nouvelle étape dans le dossier du Sahara occidental. Ce texte, voté par 11 pays sur 15, avec 3 abstentions (la Chine, la Russie et le Pakistan) et aucune opposition, consacre la proposition marocaine d’autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour parvenir à une solution politique durable. Cette décision, saluée par la diplomatie marocaine comme un tournant historique, réaffirme le soutien international au plan soumis par le Maroc en avril 2007 aux Nations unies, qui vise à mettre fin à un conflit vieux de près d’un demi-siècle.

Le plan d’autonomie marocain repose sur une idée simple : le Sahara reste marocain, mais bénéficie d’une large autonomie interne dans la gestion de ses affaires locales. Concrètement, il propose la création d’un Parlement régional élu, d’un gouvernement local et d’institutions administratives propres, qui gèreraient le développement économique, l’éducation et la culture, l’environnement, les infrastructures et la vie sociale. Ces institutions exerceraient leurs compétences sous la souveraineté du Royaume du Maroc, qui conserverait les attributions régaliennes : la défense nationale, la politique étrangère, la monnaie et la religion, le Roi restant Commandeur des croyants et garant de l’unité du pays. Cette architecture s’inspire de modèles d’autonomie existants dans d’autres pays démocratiques, comme les îles Åland en Finlande ou certaines régions autonomes d’Espagne et d’Italie.

Le plan garantit aux populations sahariennes une pleine participation à la vie nationale. Les habitants de la région seraient représentés au Parlement marocain, au gouvernement central et dans toutes les institutions constitutionnelles du Royaume. En parallèle, la région autonome disposerait de son propre exécutif, de son budget et de ses institutions locales, reflétant la spécificité culturelle et sociale du Sahara. Le Maroc s’est également dit ouvert à ce que la mise en œuvre de l’autonomie soit accompagnée d’une supervision internationale, afin d’en garantir la transparence et la crédibilité auprès de toutes les parties.

En 2007 déjà, le Secrétaire général de l’ONU et plusieurs grandes puissances — notamment les États-Unis, la France et le Royaume-Uni — avaient qualifié l’initiative marocaine de « sérieuse et crédible ». Mais la résolution 2797 de 2025 va plus loin : elle confirme cette approche comme la base principale du règlement, sans mentionner le référendum d’autodétermination, devenu irréaliste sur le plan politique et logistique. Cette évolution traduit la volonté du Conseil de sécurité de favoriser une solution pragmatique, centrée sur la stabilité régionale et la coopération. Elle reflète aussi la reconnaissance de la transformation du Sahara marocain, où le Royaume a investi massivement dans les infrastructures, l’éducation, les énergies renouvelables et le développement local.

En soutenant explicitement le plan marocain, le Conseil de sécurité a envoyé un signal fort : le règlement du conflit ne peut se faire que dans le cadre de la souveraineté du Maroc et d’une autonomie réelle pour les populations locales. C’est un message de confiance envers la diplomatie marocaine et la vision du Roi Mohammed VI, qui plaide depuis plusieurs années pour une « solution politique réaliste, durable et de compromis ». L’Algérie et le Front Polisario ont exprimé leur désaccord avec la résolution, dénonçant une « orientation biaisée ». Mais sur le plan international, le Maroc bénéficie aujourd’hui d’un large soutien, de Washington à Bruxelles, en passant par Madrid, Londres et plusieurs capitales africaines.

Cette adoption place désormais le Front Polisario dans une position délicate. En refusant de revenir à la table des négociations, il risque de s’isoler davantage. Et s’il décidait de reprendre les armes, ce serait un choix extrêmement risqué. D’une part, une telle décision violerait directement le cessez-le-feu signé sous l’égide de l’ONU et placerait le mouvement en situation d’hostilité ouverte face à la MINURSO et à la communauté internationale. D’autre part, le Conseil de sécurité a déjà averti à plusieurs reprises qu’il « condamnerait toute escalade militaire » dans la région. Une reprise des combats serait donc perçue comme une provocation, et pourrait entraîner des sanctions, une perte totale de soutien diplomatique et un isolement encore plus profond du Polisario.

Sur le terrain, les forces marocaines contrôlent aujourd’hui la quasi-totalité du territoire, et le calme est assuré grâce au mur de défense et à la surveillance continue de la MINURSO. Les populations locales, elles, participent au développement de leurs provinces, dans un climat de sécurité et de stabilité inédit depuis les années 1980. La reprise des hostilités ne changerait rien à la réalité du terrain, mais provoquerait de nouvelles souffrances humaines et compromettrait les acquis économiques considérables du Sud marocain.

Avec la résolution 2797, le Conseil de sécurité ne se limite plus à gérer un statu quo, mais oriente clairement le processus vers une issue politique fondée sur l’autonomie. C’est désormais aux parties prenantes — le Maroc, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie — de reprendre les discussions sans conditions préalables, sous l’égide de l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU. Le défi reste immense, mais l’équilibre diplomatique s’est désormais déplacé : le plan d’autonomie marocain n’est plus une simple proposition parmi d’autres, il est devenu le cadre de référence reconnu par la communauté internationale pour parvenir à une paix juste et durable.

L’histoire retiendra sans doute cette date comme celle où la diplomatie marocaine a transformé une cause nationale en une victoire internationale. Le plan d’autonomie n’est plus seulement un projet marocain : il est désormais celui du réalisme, de la stabilité et de l’avenir.

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