Le 29 septembre prochain, la salle de la Tricoterie à Bruxelles accueillera un rendez-vous culturel et symbolique qui se veut porteur d’espoir et d’ouverture. Le documentaire Dans tes yeux, je vois mon pays du réalisateur Kamal Hachkar sera projeté en présence du cinéaste, lors d’une soirée placée sous le signe de la mémoire partagée et du dialogue. L’événement est organisé par le collectif judéo-musulman AlifAlef, récemment créé pour encourager les échanges entre communautés et promouvoir une culture du vivre-ensemble dans une période marquée par de fortes tensions internationales.
Un film comme un retour aux origines
Réalisé en 2019, Dans tes yeux, je vois mon pays suit le parcours de deux artistes israéliens d’origine marocaine, Neta Elkayam et Amit Haï Cohen. Installés à Jérusalem, ils portent en eux l’héritage de leurs familles venues du Maroc, mais aussi les questions identitaires liées à l’exil et au déracinement. Le documentaire les accompagne dans un voyage vers leur village ancestral de Tinghir, au sud du Maroc, où ils renouent avec leurs racines, leurs souvenirs d’enfance transmis par les récits familiaux et une histoire marquée par la coexistence entre Juifs et Musulmans.
Ce retour n’est pas seulement géographique : il est aussi musical. À travers des concerts et des rencontres, les deux musiciens revisitent le répertoire judéo-marocain, redonnent vie à une mémoire musicale qui relie les générations et résonne au-delà des frontières. La musique devient ici un véritable langage universel, capable d’exprimer les émotions de l’exil, de faire revivre des traditions oubliées et de rassembler des publics aux horizons très différents.
Pour découvrir un aperçu du film et de ses thématiques, plusieurs vidéos sont accessibles en ligne :
Bande-annonce et présentation du film sur YouTube
Extrait court en format YouTube Shorts
Vidéo complémentaire autour du film et de ses protagonistes
Une initiative pour le dialogue
La soirée est portée par AlifAlef, un collectif judéo-musulman qui rassemble plusieurs associations : Sanaa, Standing Together, Dialogue & Diversity et la Maison de la Culture Juive. Cette initiative vise à créer des espaces où les mémoires peuvent se croiser et s’enrichir mutuellement, loin des clichés ou des simplifications. Les organisateurs veulent rappeler que, malgré les conflits actuels et les fractures qui traversent les sociétés, il existe des histoires communes et des traditions partagées qui peuvent servir de passerelles entre les communautés.
En organisant la projection de ce film, AlifAlef entend montrer que la culture peut ouvrir un espace de discussion serein, où il est possible de se souvenir du passé, de reconnaître la richesse de la diversité et de réfléchir ensemble à un avenir plus apaisé. Ce type de démarche se veut un antidote aux divisions, en valorisant l’écoute et la compréhension mutuelle.
Une soirée symbolique et diplomatique
L’événement prend aussi une dimension officielle. La soirée sera honorée par la présence de l’Ambassadeur du Maroc et, possiblement, de l’Ambassadrice d’Israël. Dans le contexte sensible du conflit israélo-palestinien, cette double participation illustre l’importance symbolique de la rencontre. La culture devient ici un espace neutre, où diplomates, artistes et citoyens peuvent se retrouver autour d’un même récit, non pas pour effacer les divergences, mais pour rappeler que l’histoire et la mémoire peuvent aussi rapprocher.
Ce choix de mettre en avant un film qui raconte la coexistence passée entre Juifs et Musulmans au Maroc n’est pas anodin. Il témoigne de la volonté des organisateurs de souligner qu’il existe des exemples historiques de vivre-ensemble, que l’on peut revisiter pour nourrir la réflexion et, peut-être, inspirer de nouvelles formes de dialogue.
Luc Kreisman, un parcours artistique et citoyen
Parmi les initiateurs de cette soirée figure Luc Kreisman, artiste visuel bruxellois. Diplômé de l’Université de Liège et de l’Académie des Beaux-Arts Jean-Jacques Gailliard, il a construit un univers artistique varié, entre photographie, collage, calligraphie et installations. Ses créations, souvent nourries de références esthétiques et d’expérimentations visuelles, traduisent une sensibilité particulière aux questions de mémoire et d’identité.
Issu d’une famille installée à Bruxelles depuis plusieurs générations, Luc Kreisman a également évolué dans des milieux créatifs liés à la mode et à la haute couture, côtoyant des univers artistiques éclectiques. Aujourd’hui, il met cette expérience au service de projets culturels qui dépassent le cadre strictement artistique pour s’inscrire dans une démarche citoyenne. Son implication au sein d’AlifAlef témoigne de cette conviction que l’art peut être un outil de rapprochement, de transmission et de réflexion collective.






