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Ankara et Washington évoquent la création d’une « zone de sécurité » en Syrie

15 Jan 2019

4a273e67cabfcf1d5ff572261b181c70dc977267AFP / ADEM ALTAN, SAUL LOEBMontage réalisé le 11 août 2018 montrant le président turc Recep Tayyip Erdogan (G) photographié à Ankara le 26 janvier 2018 et le président américain Donald Trump (D) à Washington le 30 juillet 2018

Ankara et Washington ont discuté lundi de la création d’une « zone de sécurité » dans le nord de la Syrie, après un nouvel épisode de tensions à propos du sort des milices kurdes YPG.

Le président américain Donald Trump a menacé dimanche de « dévaster la Turquie économiquement si elle attaque les Kurdes », alors qu’Ankara menace depuis plusieurs semaines de déclencher une nouvelle offensive contre les Unités de protection du peuple (YPG), un groupe armé kurde considéré comme « terroriste » par Ankara mais appuyé par Washington dans la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI).

Ankara a assuré lundi ne pas être « intimidé » par de telles menaces et que la Turquie continuerait de combattre les YPG.

Donald Trump et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan se sont ensuite entretenus au téléphone lundi soir et ont alors « abordé l’idée de la création d’une zone de sécurité nettoyée du terrorisme dans le nord du pays », selon un communiqué de la présidence turque.

Si le texte ne donne pas davantage de détails sur le sujet, M. Trump avait déjà évoqué dans un tweet dimanche la création en Syrie d’une « zone de sécurité » de 30 kilomètres.

Son secrétaire d’Etat Mike Pompeo a précisé lundi, à l’issue d’une visite en Arabie saoudite, qu’il s’agirait d’une zone située le long de la frontière turque, afin de protéger à la fois les milices kurdes et la Turquie.

« Nous voulons une frontière sûre » et « sans violences » pour « toutes les parties », a-t-il dit.

Le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, a assuré que la Turquie n’était « pas contre » un tel projet et rappelé qu’Ankara avait plusieurs fois réclamé ces dernières années la création d’une zone d’une trentaine de kilomètres de largeur pour protéger sa frontière avec la Syrie des positions tenues par les YPG. Une proposition jusque-là restée lettre morte.

Les YPG sont l’un des principaux sujets de discorde entre Ankara et Washington, deux alliés au sein de l’Otan dont les relations se sont sensiblement dégradées depuis 2016.

Selon le compte-rendu de la Maison Blanche, M. Trump a ainsi souligné lors de l’entretien téléphonique « l’importance pour les Etats-Unis que la Turquie ne maltraite pas les Kurdes ».

8f3585d61edde048a691fd1ad6336bb8fb2f2865AFP / Thomas SAINT-CRICQLe commerce Etats-Unis – Turquie

Le président américain a ajouté plus tard dans un tweet avoir fait le point « sur tous les sujets » avec son homologue turc, dont le combat contre « ce qu’il reste du groupe Etat islamique » ou le « développement économique » entre leurs deux pays, voyant sur ce dernier plan un « gros potentiel ».

– « Problèmes mineurs » –

L’annonce en décembre du retrait militaire américain de Syrie avait été saluée par la Turquie, qui ne cache pas son intention d' »éliminer » les YPG pour empêcher la création à ses portes d’un embryon d’Etat kurde susceptible de raviver les velléités séparatistes kurdes en Turquie.

Mais Ankara avait par la suite vivement réagi à des déclarations de responsables américains selon lesquelles les Etats-Unis envisageaient de lier le retrait des soldats américains à la sécurité des combattants kurdes.

Une visite la semaine dernière dans la capitale turque du conseiller américain à la sécurité nationale, John Bolton, n’a pas permis de surmonter les désaccords, donnant lieu au contraire à une nouvelle passe d’armes entre les deux pays.

La perspective de nouvelles sanctions économiques contre la Turquie a fait chuter la livre turque, lui faisant perdre jusqu’à 1,5% de sa valeur face au dollar par rapport à vendredi soir, avant de se rétablir en fin de journée.

De telles sanctions imposées par les Etats-Unis à Ankara l’été dernier en raison de la détention d’un pasteur américain avaient provoqué l’effondrement de la monnaie turque. La libération du religieux en octobre avait ensuite permis à la livre de se redresser.

Selon le communiqué de la présidence turque, MM. Erdogan et Trump se sont accordés lundi à renforcer les relations économiques entre leurs deux pays.

Si la Turquie, l’un des principaux acteurs en Syrie, semble actuellement concentrer ses efforts sur une éventuelle offensive contre les forces kurdes, elle est aussi impliquée à Idleb, l’ultime bastion des insurgés du nord-ouest de ce pays, où elle a parrainé avec Moscou en septembre un accord de cessez-le-feu qui a permis d’éviter que le régime de Damas ne lance une attaque.

En dépit de cet accord, les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS) ont étendu leur contrôle sur l’ensemble de la province à la suite d’un assaut contre des factions rebelles soutenues par Ankara.

L’accord sur Idleb « a été appliqué avec succès. Nos équipes travaillent ensemble à résoudre les problèmes mineurs », a affirmé M. Cavusoglu.

Le chef des HTS, Abou Mohamad al-Joulani, a quant à lui déclaré lundi appuyer l’idée d’une offensive militaire turque contre les YPG, selon un entretien publié lundi par le média « Amjad », affilié à HTS

Source AFP

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