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Souci de la création dans les religions -europeantimes.news-

Par Martin Hoegger, www.hoegger.org

Nous ne pouvons pas séparer le respect de la terre de la qualité de la vie humaine. Un « zoom » sur l’aspect relationnel de la nature dans diverses traditions religieuses a été le thème d’une table ronde lors de la conférence interreligieuse organisée par le Mouvement des Focolari (juin 2024)

Stéfania Papa, de l’Université de Campanie et actif dans «Eco-un» (Initiative écologique des Focolari), souligne l’importance de cet aspect relationnel de la nature. Se placer dans cette logique offre une ressource inestimable pour le changement.

Elle se demande comment se fait-il que deux arbres puissent vivre l’un à côté de l’autre. Et pourquoi les arbres plus petits, avec moins de lumière, continuent-ils à vivre ? La réponse est qu’il existe une coopération étroite entre eux. Mais, par ses activités, l’Homme a modifié plus de la moitié du fonctionnement de l’écosystème. Cela a créé des impacts aux conséquences mondiales.

L’harmonie, essence de la nature

Pour elle, la véritable essence de la nature n’est pas l’exploitation mais l’harmonie. « Nous sommes la nature, mais nous nous sommes placés en dehors d’elle, sans sensibilité. Or, la valeur d’un être humain ne vient pas de ce qu’il sait ou de ce qu’il possède, mais de sa capacité à se dépasser., » elle dit.

L’Europe  est un creuset d’une immense variété. Diverses religions offrent des ressources de sagesse pour promouvoir la durabilité. De nombreuses initiatives ont vu le jour ces dernières années au sein du Mouvement des Focolari. S. Papa donne quelques exemples : en Sicile, un pacte de responsabilité collective a été conclu ; plus de 600 arbres ont été plantés. En Suisse, une réduction significative de la consommation électrique a été réalisée dans un centre de réunion grâce à des panneaux solaires. En Hongrie, une collecte de vélos a été réalisée pour les personnes dans le besoin. « Ce sont de petites actions, mais elles ont un impact significatif et colorent le ciel d’arcs-en-ciel.», conclut-elle.

La forêt sacrée

Charles Fobellah, directeur de trois écoles au Cameroun, est un chef traditionnel du peuple Bangwa, où s’épanouit la spiritualité des Focolari. Il explique que, dans sa culture, la forêt sacrée est au centre de la vie spirituelle. Il est réservé au culte et ne doit être ni habité ni cultivé. Lieu de palabres, de rencontres et de sépultures des princes, c’est aussi un lieu de communion avec Dieu, où l’on lui demande protection et bénédiction. Pour son peuple, la paix est une affaire de communauté. Une personne est en paix lorsqu’elle entretient une bonne relation avec Dieu, la nature et les autres.

Les « Dés de l’Amour »

Stella Jean, membre du Mouvement des Focolari au Pakistan, partage son expérience de mise en pratique de la Règle d’or avec des enfants issus de milieux très modestes, en utilisant le «dés d’amour». Chaque semaine, une devise différente est vécue à partir de ces dés. Les parents sont surpris de voir leurs enfants faire de bonnes actions à la maison et avec leurs amis. Prier pour la paix est aussi devenu un geste quotidien pour s’ouvrir aux souffrances de l’humanité. Tout comme le respect de la création s’infuse de manière concrète, par exemple en évitant l’usage du plastique. Tout comme la pratique du pardon rétablit l’harmonie dans nos relations, nous devons rechercher l’harmonie avec la création.

Ensemble pour une Afrique plus verte

Le « Le projet « Ensemble pour une Afrique plus verte » rassemble Lilly Seidler sur scène et Samer Fachékod’Allemagne, avec Valentine Agbo-Panzo, du Bénin . Dans un esprit de fraternité universelle, cette association souhaite apporter des changements positifs à la nature. Il s’agit d’un projet interreligieux réunissant des personnes de différents pays. Quelques exemples sont donnés : installation de panneaux solaires dans les hôpitaux et les écoles, construction de puits, installation de systèmes de réfrigération, entre autres.

Nature et vie monastique

Chintana Greger, une religieuse bouddhiste de Thaïlande, a commencé un chemin vers la paix intérieure alors qu’elle était étudiante. Elle s’est battue pour la paix et la fraternité avec colère et frustration. Découragée, elle décide d’abandonner ce combat. Mais un moine l’a guidée et après la mort de son père, elle s’est retirée dans la solitude et a pratiqué la méditation Vipasana. Elle décide alors de devenir religieuse. La vie monastique lui permet de mener une vie plus proche de la nature, dans un monastère de 500 personnes.

« Sans méditation, nos vies sont désordonnées. Manger peu, parler peu, dormir peu, utiliser uniquement ce qui est essentiel à la vie, pratiquer la méditation avec diligence et la pleine conscience donnent de la saveur à la vie., » elle dit. Elle note que vivre au rythme de la nature favorise la méditation. « La nature est notre vie. Quand la paix vient, la sagesse suit. Renoncer à l’égocentrisme est le plus grand bonheur.»

Un chemin d’harmonie

Un groupe interreligieux d’Argentine, dirigé par Silvina Chemen, un rabbin de Buenos Aires, présente ses activités. « Nous ne pouvons plus vivre les uns sans les autres« , dit-elle joyeusement. Des « journées de paix » ont été organisées, ainsi que des pèlerinages en Israël, des Shabbats vécus ensemble, ainsi que des lectures partagées de l’Évangile, du Pentateuque et du Coran. Ses membres s’invitent à la Pâque chrétienne et à la Pâque juive, ainsi qu’au repas de rupture du jeûne du Ramadan.

Une femme qui a vécu cela pour la première fois a déclaré : «ici il y a Dieu». Le groupe s’engage également dans des activités caritatives en distribuant de la nourriture, des couvertures et des vêtements. Après la tragédie du 7 octobre, juifs, chrétiens et musulmans ont vécu le Shabbat ensemble pour ne pas se laisser diviser par cette situation. « Le chemin de la foi est un chemin d’harmonie jusqu’à ce que nous nous sentions vraiment frères et sœurs. », conclut S. Chemen.

Autres articles sur cette conférence : https://www.hoegger.org/article/one-human-family/


Photo de : Dolomites

Publié à l’origine dans The European Times.

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