L’étude révèle le déséquilibre entre le manque de personnel infirmier et aide-soignant travaillant dans le secteur des soins de santé d’une part, et la demande croissante de soins de l’autre. Entre vieillissement de la population et maladies chroniques en hausse, les projections présagent d’une augmentation de la demande de soins. Des solutions visant à former et recruter davantage tentent de pallier la raréfaction du personnel. Cependant, la rétention des travailleur·euse·s est elle aussi un véritable défi. Aujourd’hui 28% des répondant·e·s envisage de quitter leur emploi, 26% envisage même de quitter la profession.
Dans l’étude de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes et de la Mutualité Chrétienne, les infirmier·ères et aides-soignant·e·s ont évoqué les causes de l’insatisfaction au travail, de l’épuisement émotionnel, et des intentions de quitter l’emploi ou la profession.
76% des répondant·e·s estiment que l’augmentation de la charge de travail les conduit à ne pas pouvoir réaliser certains actes, notamment les actes relationnels. En cause, la complexification des soins et la multiplication de tâches non-infirmières et administratives. Cette impossibilité augmente l’insatisfaction au travail et la perte de sens qui sont essentiels dans la rétention du personnel. Nombre de soignant·e·s évoquent aussi des situations de violences – entre collègues mais aussi de la part des bénéficiaires eux-mêmes. Les équipes incomplètes et le manque de temps accordé au travail d’équipe et à la concertation entre collègues est aussi fortement préjudiciable.
« Dans les métiers du care, les emplois sont occupés à 86% par des femmes. Les conditions de travail éprouvantes, peu propices à la conciliation entre vie privée et professionnelle, s’additionnent aux conséquences d’une répartition inégales de tâches domestiques et du soin à la famille, qui continuent d’incomber majoritairement aux femmes. Cette conciliation quasi-impossible pousse les travailleuses, soit à réduire leur temps de travail, avec des conséquences évidentes sur leur carrière et leur droits à la pension, soit à quitter purement et simplement le métier. C’est donc un enjeu majeur dans la rétention du personnel, d’autant plus chez la jeune génération. »
Michel Pasteel, directeur de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes
L’étude montre également l’impact sociétal plus large que l’installation de cette pénurie laisse présager, et tout particulièrement sur les femmes, qui sont encore bien souvent en charge des soins non rémunérés. L’étude se termine par des recommandations concrètes dans l’objectif d’améliorer les conditions de travail de ces professionnel·le·s dont les missions essentielles à notre société sont en péril.
Les résultats de l’étude sont présentés lors d’une journée d’étude ce mardi 25 juin 2024. Le rapport d’étude complet est disponible sur le site web de l’Institut.