La capitale d’Haïti, Port-au-Prince, est en proie à l’insécurité en raison de la violence des gangs et maintenant de l’UNHAS, qui est géré par le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) est la seule option permettant aux travailleurs humanitaires de voyager en toute sécurité dans et hors de la ville et de transporter et de distribuer des équipements essentiels et des secours d’urgence à l’intérieur du pays.
Robine JNBaptise, qui travaille pour l’UNHAS, et Christine Blais, qui est employée par Construction Helicopters, la compagnie aérienne qui exploite l’avion, se sont entretenues avec Actualités de l’ONU sur leurs expériences de travail dans une zone hautement conflictuelle.
Robine JNBaptiser : Nous avons deux avions ici en Haïti – un hélicoptère pouvant transporter environ 19 personnes ou pouvant transporter deux tonnes de fret et un avion à réaction 45 à voilure fixe pouvant transporter neuf personnes. Je suis assistant d’aviation et de réservation, je suis donc responsable de faire monter et descendre les gens de l’avion. J’aide également à l’administration et à l’obtention des permis d’exploitation.
Christine Blais : J’ai servi comme mécanicien de bord et chef d’équipage lors de missions de vol autour d’Haïti. Chaque jour, nous volions entre deux et six heures. Nos avions sont désormais basés au Cap-Haïtien, mais nous avons déjà décollé des îles Turques et Caïques ainsi que de la République Dominicaine.
Robine JNBaptiser : C’est un travail stressant, mais heureusement pour moi, je réussis très bien sous pression. Certains jours, nous aidons jusqu’à 100 personnes, principalement [non-governmental organisation] Travailleurs d’ONG, mais aussi personnel de l’ONU. Nous déplaçons les gens vers une région plus sûre du pays, mais nous ramenons également le personnel essentiel à Port-au-Prince. Nous avons relocalisé quelque 200 personnes vers des destinations en dehors d’Haïti, donc en fin de compte, c’est un travail gratifiant.
Christine Blais : Lorsque nous atterrissons à Port-au-Prince, nous réduisons au minimum le temps passé au sol afin d’atténuer les risques. Nous pouvons atterrir, charger et décoller en deux à cinq minutes, ce qui est très rapide. Nous avons une très bonne équipe au sol qui assure notre sécurité. Dans une zone de conflit élevé, nous devons rester flexibles à tout moment tout en répondant aux besoins de l’ONU.
Robine JNBaptiser : L’un des grands défis auxquels nous sommes confrontés est le survol de Port-au-Prince, où les gangs se battent entre eux ou contre la police. Il y a toujours un risque qu’un de nos avions soit touché par une balle perdue, même si je ne pense pas que nos avions soient intentionnellement visés.
Christine Blais : Des collègues se trouvaient à l’aéroport international lorsqu’il y a eu une faille de sécurité. C’était définitivement un moment dangereux et effrayant pour eux car des coups de feu étaient tirés alors qu’ils travaillaient sur un avion. Un avion commercial, qui était au sol à ce moment-là, a été touché.
Robine JNBaptiser : L’aéroport international a été fermé pendant quelques semaines, nous avons donc établi une zone d’atterrissage ailleurs. L’une des principales préoccupations est que des gangs pourraient s’installer dans cette zone et s’emparer de la zone d’atterrissage, ce qui mettrait un terme à nos opérations.
Ce métier peut être effrayant, mais nous sommes désormais habitués aux dangers et au stress, même si nous veillons à ne pas prendre de risques. Je dois garder à l’esprit que tout peut arriver à moi ou à l’avion.
Christine Blais : Dans les zones de conflit intense, il y a toujours des inconnues et nous devons être conscients des menaces à tout moment. Je compte beaucoup sur notre équipe et je comprends que si quelque chose devait arriver, il suffirait de le gérer au fur et à mesure.
Robine JNBaptiser : Le service que nous fournissons sauve vraiment des vies, donc si nos zones d’atterrissage étaient fermées, ce serait désastreux. À l’UNHAS, nous devons toujours rappeler aux gens que nous sommes un service humanitaire et que nous ne prenons aucun parti. Notre rôle est de transporter des travailleurs humanitaires et des secours afin de venir en aide aux personnes en crise.
Je n’ai jamais pensé à quitter le pays. Si je pars, qui va rester ? En tant qu’Haïtien et travailleur humanitaire, je veux être ici et aider à ramener le pays là où il était autrefois.
À un moment donné, la situation va s’améliorer car lorsque nous atteignons le fond, il n’y a nulle part où aller sauf vers le haut. C’est ma maison et je veux faire partie d’un avenir meilleur pour Haïti.
Publié à l’origine dans The European Times.