Actualités de l’ONU s’est entretenue avec la commissaire Aina Randriambelo, qui a décrit les efforts déployés par son pays pour promouvoir l’égalité des sexes et une meilleure compréhension de ce qui constitue l’exploitation et les abus sexuels.
« J’ai été vraiment surprise d’apprendre qu’une jeune fille de 12 ans qui avait participé à l’une de nos séances de sensibilisation en milieu scolaire avait révélé à un policier qu’elle aurait été violée pendant deux ans par son fils de 40 ans. vieux beau-père.
Elle a eu le courage d’expliquer qu’elle avait été victime de cet abus, compte tenu de la stigmatisation que cela implique dans notre société. Dans certains cas, les familles rejettent les enfants qui font ce genre d’allégations.
Elle est mineure, nous avons donc dû dire à sa mère, qui disait ne rien savoir de ces abus, qu’elle avait l’obligation légale de porter cette accusation, ce qu’elle a fait. Nous avons expliqué sa situation juridique, mais aussi le fait qu’en tant que mère, elle était la première ligne de protection pour sa fille.
Je travaille sur les questions de violence basée sur le genre depuis plus de 20 ans, et même s’il est important pour moi de conserver mon professionnalisme, ces événements vous affectent. Mais je suis également heureux que nous ayons pu faire la différence en agissant très rapidement pour mettre fin à ces abus.
Arrêté et en attente de jugement
La police a signalé cela sur les réseaux sociaux pour avertir les autres et alerter d’autres victimes qui se trouvent dans le même type de situation d’abus. L’homme est maintenant en prison dans l’attente de son procès, et s’il est reconnu coupable, il encourt une peine pouvant aller jusqu’à 12 ans.
La police nationale a créé il y a 20 ans un département de protection des mineurs et a établi en 2017 des protocoles pour lutter contre les violences basées sur le genre. Ces protocoles incluent l’accès aux soins médicaux.
Nous avons également créé neuf brigades locales de policiers composées uniquement de femmes pour soutenir les victimes d’abus. De plus, notre code pénal contient de nouvelles lois qui permettent de poursuivre rapidement les cas d’abus.
En tant que société, nous avons encore du travail à faire pour garantir que les gens reconnaissent les droits des individus, en particulier dans les situations domestiques. Certaines femmes ne comprennent même pas la notion de consentement. Souvent, les hommes ne comprennent pas la différence entre exercer l’autorité parentale au sein de leur famille et être violents, et on a le sentiment que ce qui se passe à la maison est une affaire privée. Ainsi, la violence est souvent acceptée comme faisant partie intégrante de la vie familiale. Les gens sont souvent réticents à le dénoncer, il faudra donc du temps pour changer la mentalité des gens.
Séances de formation sur les droits de l’homme
Le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a soutenu des sessions de formation sur les questions liées aux droits de l’homme. Ceci est important car ce n’est que lorsque les gens comprennent leurs droits qu’ils peuvent se rendre compte que leurs droits ont été bafoués. Ainsi, une victime peut ne pas savoir qu’elle est une victime et ne se manifestera donc pas pour signaler un éventuel abus.
Du point de vue de la police, j’ai hâte que justice soit rendue
Nous veillons également à ce que les femmes et les enfants reconnaissent l’importance d’un examen médical après qu’une violence sexuelle a été perpétrée. Il s’agit d’un élément de preuve clé dans toute affaire portée en justice.
UNICEF nous a aidé à créer un centre de prise en charge des enfants victimes de violences sexuelles, qui comprend l’ensemble des services de soins intégrés dont ils ont besoin : soutien psychosocial et accompagnement par des travailleurs sociaux déployés par le département de la population et soins médicaux par des médecins hospitaliers.
Des policiers sont sur place pour recevoir les plaintes, car si les victimes rentrent chez elles, il est possible qu’elles se rétractent, surtout si elles sont menacées de représailles.
UNICEF a également soutenu la formation des travailleurs sociaux.
On me dit que la jeune fille va bien, mais je me demande comment elle pourrait être affectée à long terme. Pourra-t-elle avoir des relations sexuelles, sera-t-elle stigmatisée et quel type de conseils recevra-t-elle pour faire face à son traumatisme ?
Du point de vue de la police, j’ai hâte que justice soit rendue.
Publié à l’origine dans The European Times.