Ces dernières années, le Pakistan a été confronté à de nombreux défis concernant la liberté religieuse, notamment en ce qui concerne la communauté Ahmadiyya. Cette question est revenue sur le devant de la scène suite à une récente décision de la Cour suprême du Pakistan défendant le droit à la libre expression des croyances religieuses.
La communauté Ahmadiyya, une secte islamique minoritaire, a été persécutée et discrimination au Pakistan depuis des décennies. Bien qu’ils se considèrent comme musulmans, les Ahmadis sont considérés comme non-musulmans en vertu de la loi pakistanaise en raison de leur croyance en Mirza Ghulam Ahmad comme prophète après Mahomet. Cette différence théologique les a soumis à une grave marginalisation sociale, politique et juridique, notamment à des restrictions sur les pratiques religieuses, les discours de haine et la violence.
La récente décision de la Cour suprême du Pakistan représente une avancée significative dans la lutte en cours pour la liberté religieuse dans le pays. Le tribunal a confirmé le droit des Ahmadis à s’identifier comme musulmans et à exprimer leurs convictions sans crainte de poursuites, affirmant les principes de liberté de religion et d’expression inscrits dans la constitution pakistanaise.
Cependant, malgré cette victoire juridique, des défis persistent pour la communauté Ahmadiyya. Les préjugés sociétaux profondément enracinés et la discrimination institutionnalisée continuent de menacer leur sécurité et leur bien-être. Les groupes extrémistes ciblent souvent les Ahmadis en toute impunité, incitant à la violence et répandant la haine à leur encontre. En outre, des lois discriminatoires, telles que l’ordonnance XX, qui interdit aux Ahmadis de pratiquer des rituels islamiques ou de s’identifier comme musulmans, restent en vigueur, perpétuant ainsi leur statut de seconde zone.
La communauté internationale a également fait part de ses inquiétudes concernant la liberté religieuse au Pakistan, exhortant le gouvernement à prendre des mesures concrètes pour remédier au sort des minorités religieuses, notamment de la communauté Ahmadiyya. Des organisations telles que Human Rights Watch, Amnesty International, Comité international des droits de l’homme et CAP Liberté de Conscience ont appelé à l’abrogation des lois discriminatoires et à la protection des droits des minorités.
En réponse à la pression croissante, des évolutions positives ont eu lieu ces dernières années. Le gouvernement pakistanais a exprimé son engagement à sauvegarder les droits des minorités religieuses et à lutter contre l’intolérance religieuse. Des initiatives telles que la Commission nationale pour les minorités et les efforts visant à promouvoir l’harmonie interconfessionnelle reflètent une reconnaissance croissante de l’importance du pluralisme religieux et de la tolérance dans la société pakistanaise.
Néanmoins, de véritables progrès nécessitent plus que de simples réformes juridiques ; cela exige un changement fondamental dans les attitudes sociétales et le démantèlement des pratiques discriminatoires bien ancrées. Cela nécessite de favoriser une culture d’inclusion, de respect et de compréhension dans laquelle tous les citoyens, quelles que soient leurs croyances religieuses, peuvent vivre librement et sans crainte.
Alors que le Pakistan évolue dans un paysage socio-religieux complexe, le cas de la communauté Ahmadiyya sert de test décisif pour l’engagement de la nation en faveur de la liberté religieuse et du pluralisme. Défendre les droits des Ahmadis non seulement renforce le tissu démocratique pakistanais, mais réaffirme également les principes fondateurs du pays que sont l’égalité, la justice et la tolérance pour tous ses citoyens.
Publié à l’origine dans The European Times.