Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, stressé l’urgence de relever ces défis si l’on veut que le pays avance, rappelant les manifestations antigouvernementales de 2022 exigeant une société plus juste et plus inclusive.
« Mais le potentiel d’une transformation historique qui permettrait de relever des défis de longue date est loin d’être réalisé. »
Le message du chef des droits de l’ONU coïncide avec le lancement d’un nouveau rapport documentant la situation des droits de l’homme dans le pays. Il présente les défis et les opportunités pour les relever, à la suite de la crise économique de 2022.
Les familles recherchent la vérité
Même si la guerre civile brutale qui a duré plusieurs décennies a pris fin il y a plus de 14 ans, des dizaines de milliers de victimes et leurs familles au Sri Lanka recherchent toujours la vérité et la justice.
Même si le Gouvernement a proposé un nouveau mécanisme de recherche de la vérité, des consultations significatives et transparentes avec les victimes et la société civile sont essentielles au succès de tout processus de justice transitionnelle, HCDH dit.
Cela implique de mettre fin à toutes les formes de harcèlement et de surveillance illégale, et de soutenir les initiatives visant à reconnaître et à mémoriser les expériences des victimes.
« La recherche de la vérité ne suffira pas à elle seule. Cela doit également s’accompagner d’un engagement clair en faveur de la responsabilité et de la volonté politique de mettre en œuvre des changements de grande envergure », a déclaré M. Türk.
Préoccupations concernant les lois proposées
Le rapport soulève des inquiétudes concernant les nouvelles lois proposées, telles que le projet de loi antiterroriste soumis au Parlement et la législation visant à réglementer la radiodiffusion.
Il souligne également la nécessité d’une réforme globale du secteur de la sécurité, notamment en réduisant les dépenses militaires et le personnel militaire dans les zones touchées par un conflit armé.
Le rapport appelle également les autorités à accélérer les enquêtes et les poursuites concernant les cas emblématiques de violations des droits humains, ainsi que les Attentats à la bombe du dimanche de Pâques 2019qui a fait 269 morts et plus de 500 blessés.
Crise économique
Le rapport résume l’impact de la crise économique de 2022 sur les droits humains et le bien-être des Sri Lankais.
La crise a entraîné de graves pénuries de carburant, d’électricité, de nourriture, de médicaments et d’autres produits essentiels. Même si une certaine stabilisation a eu lieu en 2023, beaucoup ont connu une forte baisse du niveau de vie et le pays est toujours aux prises avec un lourd fardeau de la dette.
La pauvreté a presque doublé – passant de 13 pour cent en 2021 à 25 pour cent en 2022, selon les estimations de la Banque mondiale, et elle devrait encore augmenter pour atteindre 27,4 pour cent cette année et rester supérieure à 25 pour cent au cours des prochaines années.
Les femmes ont subi un « impact distinct » après la crise, car nombre d’entre elles travaillent principalement dans les secteurs informels de l’économie et ont un accès limité à la protection sociale, a déclaré le HCDH.
Alimentation et éducation
L’insécurité alimentaire et l’accès à la santé et à l’éducation restent également des préoccupations majeures.
Dans tout le pays, environ 37 pour cent des ménages étaient confrontés à une insécurité alimentaire aiguë en novembre 2022, ce qui a conduit un nombre important de familles à acheter des aliments moins nutritifs et moins nutritifs et parfois à sauter complètement des repas, ce qui fait craindre une augmentation de la malnutrition chez les enfants.
La santé mentale a également été affectée, car les gens sont confrontés à de multiples stress dus à la hausse des prix, à la rareté et à la perte de revenus.
L’accès à l’éducation est également menacé, dans un contexte d’absentéisme scolaire croissant dû à des besoins économiques concurrents et à des coûts de transport et de nourriture plus élevés.
Les enfants issus de milieux socio-économiques défavorisés et les filles sont particulièrement vulnérables, a noté le HCDH.
Recommandations
Le rapport présente une série de recommandations, notamment un appel au gouvernement pour qu’il garantisse les droits économiques et sociaux des citoyens, lutte contre la corruption et crée un environnement propice à un processus de justice transitionnelle réussi et durable.
Il appelle également à une participation accrue des femmes à la vie politique et à la prise de décision, ainsi qu’à garantir des élections libres et équitables à tous les niveaux de gouvernement.
Le rapport appelle également la communauté internationale à soutenir des processus de justice transitionnelle efficaces et significatifs, conformes aux normes internationales, et à des sanctions ciblées contre ceux qui sont soupçonnés de manière crédible d’avoir perpétré des violations flagrantes des droits humains.