La durée sans précédent de l’événement météorologique extrême aurait été difficile à gérer pour n’importe quel pays, mais pour le Malawi, l’un des pays en développement les plus vulnérables au monde, cela a été dévastateur. Des centaines de personnes ont été tuées, plus d’un demi-million de personnes ont été déplacées et des milliers d’hectares de cultures ont été emportés.
Début avril, des centaines de personnes étaient toujours portées disparues et quelque 1,1 million de personnes avaient besoin d’une aide humanitaire. La violente tempête a frappé lors de la pire épidémie de choléra au Malawi en deux décennies, ajoutant aux pressions sur un système de santé déjà fortement sollicité.
Le même mois, un groupe d’experts indépendants des droits de l’ONU appelé pour plus d’aide humanitaire, mais aussi pour que le Malawi « développe des solutions durables pour éviter, minimiser et gérer les déplacements liés aux catastrophes grâce à des mesures d’adaptation au climat, à la préparation et à la réduction des risques de catastrophe ».
Catastrophes plus graves, coûteuses et mortelles
L’impact de Freddy n’est qu’un exemple du nombre croissant de catastrophes complexes et coûteuses affectant un nombre croissant de personnes, qui a incité 187 pays à signer un accord international de réduction des risques de catastrophe en 2015.
Le Cadre de Sendai, du nom de la ville japonaise dans laquelle il a été adopté, est un accord international des Nations Unies conçu pour réduire les pertes dues aux catastrophes. Il vise à réduire considérablement le nombre de décès dus aux catastrophes, à réduire les dommages causés aux infrastructures par les catastrophes et à améliorer les systèmes d’alerte précoce, le tout d’ici 2030.
Pourtant, huit ans plus tard, peu de progrès ont été réalisés : selon au Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNDRR), il y a eu une augmentation de 80 % du nombre de personnes touchées par des catastrophes depuis 2015. De plus, l’UNDRR constate que bon nombre des leçons tirées des catastrophes passées semblent avoir été ignorées.
Bilan à la mi-temps
Du 18 au 19 mai, une réunion de haut niveau réunion au siège des Nations Unies à New York sera l’occasion d’exposer les nombreux défis qui ont bloqué les progrès et de tracer la voie vers un monde plus sûr.
Les délégués à l’événement se seront penchés sur le rapport de l’examen à mi-parcours de la mise en œuvre du Cadre, qui met à nu l’ampleur du problème. Sorti en avril pour marquer la mi-chemin entre le lancement du Framework et l’échéance de 2030, il n’est pas facile à lire.
Le rapport souligne les impacts croissants du changement climatique depuis 2015, et les conséquences brutalement inégales, beaucoup plus graves dans les pays en développement ; un exemple en est les inondations au Pakistan en 2022, qui ont touché plus de 33 millions de personnes et endommagé des millions d’acres de terres agricoles, provoquant une insécurité alimentaire généralisée.
L’interconnexion croissante des sociétés, des environnements et des technologies du monde signifie que les catastrophes peuvent se propager extrêmement rapidement. Le rapport pointe le COVID 19 pandémie comme exemple, commençant par une épidémie locale en Chine en 2019, avant de se propager rapidement dans le monde entier, entraînant la mort de quelque 6,5 millions de personnes d’ici la fin de 2022.
« Il n’est pas nécessaire de chercher bien loin pour trouver des exemples de l’aggravation des catastrophes », déclare Mami Mizutori, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe et responsable de l’UNDRR. « La triste réalité est que bon nombre de ces catastrophes sont évitables car elles sont causées par des décisions humaines. L’appel à l’action de l’examen à mi-parcours est que les pays doivent réduire les risques dans chaque décision, action et investissement qu’ils font.
Les pays en tête
De toute évidence, on n’en fait pas assez : les coûts des catastrophes continuent d’augmenter, mais le financement de la réduction des risques de catastrophe n’augmente pas au rythme nécessaire pour y faire face.
Néanmoins, comme le montre le rapport, il existe de nombreux exemples de pays, au niveau national, mettant en place des plans pour protéger leurs citoyens contre les risques de catastrophe.
À ce jour, des plans de préparation aux catastrophes ont été adoptés dans 125 pays. Ils vont de la législation du Costa Rica qui permet à toutes les institutions d’allouer des budgets pour la prévention et l’intervention d’urgence, au Disaster Ready Fund australien, qui investira jusqu’à 200 millions de dollars australiens par an de 2023 à 2024 dans des initiatives de prévention des catastrophes et de résilience, et la catastrophe de la Barbade des clauses permettant le gel immédiat de la dette en cas d’impact économique causé par une catastrophe.
Et, tandis que le nombre de personnes touchées par des catastrophes augmente, la proportion de personnes tuées a plus que diminué de moitié. Le taux de mortalité lié aux catastrophes au cours de la décennie 2005-2014 était de 1,77 pour 100 000 habitants dans le monde, et au cours de la décennie 2012-2021, il était tombé à 0,84 (hors impact du COVID-19).
Les recommandations du rapport à mi-parcours et les mesures prises au niveau national constitueront la base des discussions de la réunion de haut niveau : elles contiennent la preuve qu’un monde plus sûr est réalisable, d’ici à 2030, si le nécessaire des investissements dans la réduction des risques sont réalisés.
Réduire le risque de catastrophe à l’ONU
- Le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNDRR) aide les décideurs du monde entier à mieux comprendre et à changer leur attitude face au risque.
- L’expertise faisant autorité de l’UNDRR et sa présence dans cinq bureaux régionaux sont utilisées pour établir et entretenir des relations avec les gouvernements nationaux et locaux, les organisations intergouvernementales, la société civile et le secteur privé.
- Le Bureau recueille, rassemble et partage les dernières informations et données techniques de haute qualité sur la réduction des risques et le renforcement plus efficace de la résilience. Des centaines d’experts travaillent dans les groupes consultatifs scientifiques et technologiques de l’UNDRR, partenaires essentiels pour les gouvernements et autres parties prenantes du monde entier.
- Le développement et le déploiement de systèmes d’alerte précoce multirisques inclusifs et accessibles est un élément clé de leur travail. De tels systèmes sauvent des vies : en moyenne, en cas de catastrophe, les taux de mortalité dans les pays qui n’en ont pas sont huit fois plus élevés que dans les pays qui les ont mis en place.