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Autour du déclassement : Ziad CHÉBIB

 Source Annahar, 15 avril 2022

Le président français, Emmanuel MACRON, jouit d’une grande culture ainsi que d’une aptitude de s’exprimer couramment. Tout le monde lui reconnaît son impulsion et sa prise d’initiative à l’échelle de la politique étrangère de son pays, même si les résultats ne sont pas toujours à la mesure des efforts qu’il eut déployés et bien que les réalisations ne soient pas à la hauteur de ses attentes. Sa rivale au second tour des élections présidentielles, Marine LE PEN, a elle-même reconnu ses efforts, en évoquant le Liban au cours de la conférence de presse qu’elle a tenue il y a deux jours.

Aujourd’hui, au vu de la poursuite des fortes relations historiques bilatérales et du grand nombre d’électeurs binationaux, ces élections sont censées être perçues du point de vue libanais, loin des attitudes et des réactions émotionnelles auxquelles sont enclins certaines personnes ou qui émanent des débats de la politique intérieure française et ses classifications de droite, gauche, nouvelle droite, ligne dure ou extrême-droite, parmi d’autres appellations qui ne devraient rien signifier, sauf dans la mesure où elles renvoient au Liban et l’influencent.  

La relation libano-française ainsi que le regard que portent les Libanais à la France ont changé ou évolué au cours des dernières décennies. Mais ce qui est constant, c’est que les espoirs d’un nombre de Libanais reposent toujours sur elle. Alors que cette relation se limitait auparavant presque à une seule communauté, beaucoup d’adeptes d’autres sectes s’y sont joints de nos jours, reconnaissant l’importance de ces rapports. Cette acquisition de la France de l’affinité d’autres tranches du peuple libanais coïncide, toutefois, avec le déclin de son influence et de ses performances au niveau des affaires externes. Les journalistes spécialisés Georges MALBRUNOT et Christian CHESNOT ont récemment qualifié cette situation de «déclassement français», et ce, dans leur livre qui relate les détails de la visite du président MACRON au Liban et ses rencontres avec les protagonistes politiques du pays, à la suite de l’explosion qui a secoué le port de Beyrouth et la fameuse initiative française qui a connu un échec.

MACRON a payé le prix de son renflouement des forces au pouvoir libanaises, rejetées par les Libanais eux-mêmes. D’ailleurs, au lieu de leur faire assumer les résultats de l’effondrement financier et économique et la détonation du port, il les a rétablies pour représenter les Libanais devant la communauté internationale, leur permettant ainsi de réimposer les priorités de leurs symboles qui avaient déjà atteint un degré irréversible de faillite politique totale. Et par la suite, ces derniers ont réussi à vider son initiative de son contenu. L’une des erreurs commises dans le cadre de ces débats franco-libanais, c’est d’avoir renoncé aux élections législatives prématurées et, par conséquent, d’avoir perdu l’opportunité qui s’offrait alors pour instaurer des forces de changement exprimant le pouls des Libanais et capables de rivaliser sérieusement et de manière équitable avec les autorités au pouvoir. Une tentative qui s’est achevée par quelques candidats «à l’escalade», même pas capables d’exhorter la population.

De plus, la présence du président MACRON a contribué à contenir la colère des citoyens libanais qui ont cru que son arrivée allait réellement les sauver. Mais les priorités du président se limitaient à contenir les répercussions de l’explosion du port sur Israël et conclure un accord avec les personnalités influentes, en leur injectant une dose d’oxygène contre quelques investissements français, notamment au port de Beyrouth meurtri et martyrisé. En effet, la restauration du terminal à conteneurs fut confiée à l’entreprise française, dont le président a escorté le président MACRON au Liban, dans son avion présidentiel, peu de temps seulement après l’attentat du port. 

J’ai personnellement connu trois des candidates aux actuelles présidentielles françaises. Il s’agit de la présidente de la Région Ile-de-France, Valérie PÉCRESSE, et de la maire de la ville de Paris, Anne HIDALDO, ainsi que la candidate du Rassemblement national, Marine LE PEN. Les deux premières, bien qu’elles se placent dans deux extrémités contradictoires de la politique française, elles ont, toutes deux, beaucoup offert, de par leurs positions, tant à Beyrouth qu’au Liban. 

En ce qui concerne LE PEN, qui persiste pour le second tour de la course à la présidence, et mis à part les qualifications que lui collent les élites au pouvoir, elle jouit d’une personnalité forte et aimable, et possède une vision sérieuse et responsable envers les relations solides avec le Liban. D’ailleurs, son dernier discours d’il y a deux jours a démontré une reconnaissance de la gravité de l’étape que traverse le Liban et prouvé une connaissance des moyens de sauvetage efficaces et réalistes.

En dehors du contexte émotionnel dans lequel d’aucuns s’engagent et traitent avec la France et loin des interprétations issues des attitudes et des positions internes des candidats, tels que les rapports de la France avec les religions ou sa relation avec l’Union européenne, entre autres, des problématiques qui n’ont rien à voir et sont sans aucun rapport avec les Libanais, et du moment que le choix est devenu limité devant les Libanais français, je n’estime pas que ce soit dans l’intérêt du Liban qu’ils optent pour plus de régression, pour plus de déclassement.

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