Toutefois, vu les réticences de plusieurs experts du CSS à une levée de ce critère d’ajournement temporaire, le rapport propose aussi une autre piste, à savoir une réduction de la période d’exclusion de 12 à quatre mois après le dernier contact sexuel entre hommes.
Pour autant, « c’est une révolution copernicienne dans les cénacles scientifiques de santé publique : le Conseil supérieur de la Santé ouvre la porte à l’élimination de l’interdiction faites aux hommes homosexuels et bisexuels de donner leur sang », a réagi mardi Arc-en-Ciel Wallonie, la fédération wallonne des associations LGBTI. L’ASBL réclame depuis 15 ans la fin de cette exclusion qu’elle voit comme une discrimination.
Sensibilisation sur les comportements à risque
Le CSS soulève par ailleurs une nouvelle problématique : la prise accrue d’antiviraux à titre prophylactique ou thérapeutique par des personnes séronégatives pour le VIH. Cette médication interfère négativement avec les tests de dépistage réalisés pour sécuriser la chaîne transfusionnelle.
Dès lors, « des candidats potentiels au don de sang peuvent se sentir protégés, relâchent les mesures préventives et peuvent de ce fait omettre de mentionner un comportement à risque (rapport sexuel avec une personne séropositive ou de statut inconnu), ou tout simplement ne pas déclarer l’emploi de ces médicaments antiviraux, ignorant l’effet délétère de ceux-ci sur l’efficacité diagnostique.
Le CSS conclut que tout comportement à risque doit faire partie des contre-indications formelles au don de sang et préconise l’organisation de campagnes de sensibilisation adaptées aux différents publics cibles : les citoyens, les candidats donneurs, les donneurs réguliers, les professionnels du don de sang, les médecins, etc.
L’an dernier, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et l’Allemagne ont levé le critère d’écartement spécifique aux HSH.
Une levée de l’exclusion serait toutefois liée à certaines conditions coûteuses, en raison de modifications des protocoles et de l’intensification des tests effectués sur le sang prélevé, note Arc-en-Ciel Wallonie à la lecture de l’avis du CSS. L’ASBL s’interroge donc sur la volonté du ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, « qui a maintenu un embargo » jusqu’à la semaine dernière sur cet avis du CSS, pourtant validé dès novembre dernier.
Arc-en-Ciel se tourne dès lors vers des propositions de loi DéFI (abolition de l’exclusion des HSH) et dans une moindre mesure PS et Vooruit (période d’exclusion de quatre mois).