Le responsable de cette association humanitaire islamique basée à Evry-Courcouronnes a été interpellé tôt ce mercredi suite à une plainte de Zohra Bitan, chroniqueuse à RMC. La police a également perquisitionné les locaux de l’ONG.
Idriss Sihamedi a été placé en garde à vue ce mercredi au commissariat d’Évry. Le président de l’ONG Baraka City, dont les locaux se trouvent à Evry-Courcouronnes depuis 2012, a été interpellé à 6 heures du matin à son domicile. Il lui est reproché d’avoir violemment pris à partie sur Twitter, où il est suivi par 33 000 abonnés, la chroniqueuse de la radio RMC, Zohra Bitan.
Celle-ci avait porté plainte le 18 septembre 2020 pour harcèlement sur les réseaux sociaux. « Elle faisait état de la diffusion de 120 tweets diffamatoires, depuis le compte Twitter de Driss Yemmou, dit Sihamedi, et de la création par celui-ci d’un hashtag dénonçant sa personne, repris dans près de 1 500 tweets », écrit dans un communiqué la procureure d’Evry-Courcouronnes, Caroline Nisand. Elle ajoutait que « le compte Twitter de Driss Yemmou avait procédé à la publication de la photographie d’un courrier recommandé volé dans sa boîte aux lettres », poursuit la magistrate.
Il encourt une peine maximale de 5 ans de prison
Dans la foulée de cette plainte, une enquête préliminaire était ouverte par le commissariat d’Évry « pour des faits de harcèlement au moyen d’un support numérique ou électronique ayant entraîné une ITT supérieure à 8 jours et vol de correspondance avec dégradation, faits réprimés par une peine maximale de 5 ans d’emprisonnement », ajoute le parquet.
L’interpellation d’Idriss Sihamedi a été accompagnée d’une perquisition dans les locaux de l’association islamique Baraka City. Les images n’ont pas tardé à être relayées sur Twitter par le compte officiel de l’ONG. Sur la vidéo, l’homme qui filme fait le tour des locaux et constate que plusieurs portes ont été fracturées par les forces de l’ordre. L’ONG a déjà fait l’objet d’une perquisition, en mai 2017. Une enquête préliminaire avait été ouverte en mars 2016 par le parquet de Paris pour « financement du terrorisme » et « association de malfaiteurs terroriste ». Elle sera classée sans suite trois ans plus tard.
Les locaux de l’ONG avaient déjà été perquisitionnés
Le 9 octobre, Idriss Sihamedi anticipait d’ailleurs une nouvelle visite des policiers dans les locaux de BarakaCity. « Plusieurs caméras de vidéo surveillance installées au siège nous permettront de retransmettre les premières images d’une perquisition (si c’est envisagé) en temps réel ». Ce qui lui avait valu une réponse dans la foulée de la préfecture de l’Essonne, toujours sur le réseau social.
« Suite à la diffusion d’images de vidéosurveillance, installée sans autorisation, des locaux de l’association Barakacity, la préfecture de l’Essonne a saisi le procureur de la République sur le fondement de l’article L.254-1 du code la sécurité intérieure ». Dans ce texte, le fait d’installer un système de vidéoprotection ou de le maintenir sans autorisation, de procéder à des enregistrements de vidéoprotection sans autorisation, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.
Un rassemblement de soutien devant le commissariat
L’avocat de Sihamedi, qui n’a pas répondu à nos sollicitations, s’est exprimé face caméra dans une vidéo diffusée sur la page Facebook de l’ONG Baraka City : « Mon client a été placé en garde à vue pour harcèlement moral sur Twitter. Il a également été auditionné cet après-midi, pour des faits de diffamation, également sur Twitter ». Le conseil dénonce les conditions d’interpellation de son client : « Dépêcher Le Raid à 6 heures du matin pour une personne qui a un casier judiciaire vierge… »
Il se dit par ailleurs « scandalisé de ce qu’il s’est passé dans les locaux de Baraka City, qui n’ont rien à voir avec les activités de M.Sihamedi dans le privé et en tant que journaliste indépendant », conclut-il. Un rassemblement de soutien à son client s’est tenu ce mercredi à 17 heures devant le commissariat. Une cinquantaine de personnes étaient présentes.