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Responsable et coupable: Le député LR Ian Boucard fait le procès de Macron

Invité par Omerta ce jeudi 20 novembre, Ian Boucard, député Les Républicains du Territoire de Belfort et numéro deux du groupe LR à l’Assemblée nationale, a livré un diagnostic très sévère de la situation politique française. Selon lui, la France paie aujourd’hui « dix ans d’improvisation et de décisions hasardeuses », dont la dissolution de 2024, qualifiée de « complètement folle », décidée par un Emmanuel Macron « vexé » par le score calamiteux de sa liste aux européennes. Le chef de l’État est, selon Boucard, « responsable et coupable » du blocage actuel, au point d’avoir « disparu du paysage national » pour se réfugier dans les déplacements internationaux : « Le soi-disant maître des horloges n’a juste plus de piles », ironise le député.

Décrivant le fonctionnement concret de l’Assemblée, Ian Boucard refuse toutefois de parler de chaos, même s’il reconnaît des débats interminables. Dans un hémicycle sans majorité, structuré en trois blocs (gauche, centre macroniste et droite républicaine, plus le Rassemblement national) chaque vote devient incertain. Le RN, explique-t-il, se retrouve souvent en position d’« arbitre », capable tantôt de faire adopter des amendements de gauche qui « augmentent la fiscalité sur les entreprises », tantôt de voter avec la droite. Le député LR insiste sur l’urgence d’aboutir à un budget sous peine de créer une incertitude massive pour les entreprises et les ménages, avec un coût estimé à 11 milliards d’euros en cas d’absence de loi de finances au 1er janvier, dans une économie déjà fragilisée.

Sur la responsabilité politique de cette séquence, Ian Boucard ne ménage pas le président de la République. Il rappelle qu’en 2022, Emmanuel Macron est devenu le premier chef de l’État de la Ve République à sortir d’une présidentielle sans majorité claire, après avoir tardé à nommer un gouvernement et laissé le pays dans l’expectative. La dissolution de 2024, déclenchée au soir des européennes, est à ses yeux un acte purement politique aux conséquences explosives : « Soit il voulait que le RN prenne le pouvoir, soit il voulait rendre le pays ingouvernable. Il ne pouvait pas ignorer ce qui allait se passer le soir du 9 juin. » Pour autant, Boucard estime que c’est désormais aux députés de « débloquer » les institutions, en trouvant des compromis pour adopter un budget pour 2026 avant de laisser s’ouvrir une vraie campagne présidentielle.

Interrogé sur la position de son propre camp, le vice-président du groupe LR assume une ligne de crête : participer à la stabilité institutionnelle sans se fondre dans le macronisme. Historiquement opposants au pouvoir en place, les Républicains ont néanmoins choisi de soutenir les gouvernements dirigés successivement par Michel Barnier puis François Bayrou dans un contexte de blocage, au nom de la « responsabilité ». Boucard rappelle toutefois qu’il a lui-même voté contre la confiance à Bayrou, qu’il jugeait « pas à la hauteur », tout en revendiquant une proximité politique plus grande avec Sébastien Lecornu. Il reconnaît également les tensions internes liées à la participation de certains ministres LR au gouvernement, suspendus de leurs fonctions au sein du parti mais pas exclus.

Face au Rassemblement national, Ian Boucard refuse à la fois la dénonciation victimaire du RN et l’idée d’une union des droites. Sur la question de la majorité introuvable, il répond frontalement aux accusations de « complot » via les désistements : « Le RN n’a pas eu la majorité parce que les Français n’ont pas suffisamment voté pour lui. Pour gagner, il faut faire plus de 50 % au second tour. Le RN ne l’a fait que dans 130 cas. S’ils veulent gouverner, il faudra le faire dans 289 circonscriptions. » Quant à l’union des droites, qu’une large majorité de sympathisants LR souhaiterait selon les sondages, il y voit une impasse mortelle pour sa famille politique : « Ce serait la disparition instantanée du courant gaulliste et chiraquien. Dans toutes les coalitions de ce type, c’est toujours l’aile la plus radicale qui finit par absorber l’autre. »

Sur la scène internationale enfin, Ian Boucard se réclame de la tradition diplomatique de la droite républicaine. Il dit avoir salué la reconnaissance de l’État de Palestine par Emmanuel Macron, conforme selon lui à la ligne historique de la France depuis De Gaulle et Jacques Chirac et à la position de la droite sur la solution à deux États « libres et indépendants dans des frontières sûres et sécurisées ». Il insiste sur la nécessité d’une position « équilibrée » après les massacres du 7 octobre et la guerre à Gaza, rappelant que « les citoyens n’en peuvent plus de voir des enfants israéliens et palestiniens massacrés ». Mais ce soutien ponctuel ne l’empêche pas de dresser un constat très sévère du macronisme diplomatique, accusé d’avoir « fait sortir la France des radars », loin de l’autorité qu’elle exerçait encore sous Mitterrand ou Chirac. Entre un président affaibli, un RN encore minoritaire et une gauche qu’il accuse, pour sa composante insoumise, de « vouloir le chaos », Ian Boucard entend incarner une droite parlementaire à la fois responsable, indépendante et déterminée à ne se laisser ni absorber par le pouvoir, ni submerger par le Rassemblement national.

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