Cette entrée dans tous les gouvernements a une conséquence très concrète pour la présidence du parti. Maxime Prévot, le président, prend en charge les Affaires étrangères dans le nouveau gouvernement De Wever désigné fin janvier. Un rôle incompatible avec la présidence. Le seul vice-président, Yvan Verougstraete, devient président par intérim en attendant des élections prévues ce dimanche.
À ces élections, il est le premier à s’y porter candidat, en annonçant via son programme vouloir faire entendre « la voix centriste ». Il est le candidat poussé par Maxime Prévot. Fameux avantage. Mais elle ne convainc pas encore tout le monde. Des rumeurs évoquent la candidature de Mathieu Perin, bourgmestre des Bons-Villers et chef de cabinet de François Desquennes. Il serait poussé dans le dos par une frange plus historique du cdH, moins « businessman » et wallonne des Engagés. Cette candidature n’arrivera jamais.
Face à Yvan Verougstraete, il n’y aura que la candidature Marc-Antoine Mathijsen, déjà candidat malheureux à la présidence des Engagés en 2022 face à Maxime Prévot. Cette candidature s’oppose à la candidature « trop libérale » d’Yvan Verougstraete, en contradiction avec l’ADN « chrétien-démocrate« , que Marc-Antoine Mathijsen veut conserver dans le parti.
Une accusation qui étonne le principal intéressé. « C’est clairement, mais alors clairement pas du tout, ni ce que j’ai fait dans les actes et dans les décisions que j’ai posés depuis que je suis en politique, ni le positionnement politique que je porte de manière globale« , réagit Yvan Verougstraete. « Je ne me sens pas du tout être à droite. Je me sens fondamentalement centriste« , assure-t-il.
Yvan Verougstraete se qualifie lui-même plutôt du « centre vert » que du « centre droit« . Centriste parce que « c’est essayer de trouver l’équilibre pour défendre l’intérêt général et pas l’intérêt de quelques-uns ». Vert, parce que « c’est non seulement pour aujourd’hui, mais c’est aussi pour demain« , explique-t-il. Le turquoise des Engagés n’est jamais qu’entre le vert et le bleu, remarquerons-nous.
Un des vrais dangers, c’est de redevenir un parti de gestionnaires
Son projet pour la présidence des Engagés prévoit de « continuer à renforcer l’assise » du mouvement des Engagés, « ancré sur le terrain« . « Un des vrais dangers que l’on a, c’est de redevenir un parti de gestionnaires« , estime le candidat à la présidence. « Ce qu’on doit continuer à faire, c’est d’oxygéner ce mouvement avec la réalité du terrain, avec la société civile« , précise-t-il. Yvan Verougstraete entend aussi « incarner » le projet de son parti, « de manière distincte des gouvernements« . C’est, selon lui, faire « de la particip-distanciation« .
Par rapport à la participation au gouvernement, « on assume le fait que l’on doit faire des compromis, mais par contre, on assume aussi le fait que notre programme n’est pas celui de l’Arizona, ni de l’accord de gouvernement en Région et en Fédération« , explique Yvan Verougstraete. Lors de sa candidature, il affirmait vouloir être un soutien pour les ministres engagés et développer les ressources humaines du parti. Lui qui sortait d’une carrière dans le privé et la gestion d’entreprises avant d’entrer chez les Engagés, dit avoir été étonné du manque de « notions de gestion des ressources humaines » au sein du parti. « On doit pouvoir identifier ceux et celles qui, demain, doivent pouvoir porter les choses« , estime Yvan Verougstraete. Il s’agira donc, dit-il, de « développer les femmes et les hommes politiques de demain« .
Dans les premières tensions qui naissent entre MR et Engagés, par exemple à la Fédération Wallonie-Bruxelles sur le statut d’artiste, Yvan Verougstraete sera attendu au tournant. Sa tâche sera de maintenir l’unité d’un parti qui a réussi à rassembler plusieurs tendances en son sein pour remporter les élections, mais aussi de maintenir ses différences vis-à-vis du MR avec lequel il participe au pouvoir dans tous les gouvernements déjà formés.
Pour y arriver, il sera soutenu par un trio de vice-présidentes. La bourgmestre de Florenville, Camille Maitrejean, est chargée de la réflexion politique. La députée wallonne Marie Jacqmin est désignée vice-présidente à l’action citoyenne. La ministre Vanessa Matz, à qui il était aussi promis une vice-présidence, est désignée conseillère stratégique à la présidence. Selon les statuts du parti, la vice-présidence est incompatible avec une fonction ministérielle. « Nous confirmerons sa candidature à la vice-présidence quand l’incompatibilité entre cette fonction et celle de ministre sera levée par une convention statutaire. Quand ce sera le cas, il y aura trois vice-présidentes aux Engagés« , avait expliqué Yvan Verougstraete.