Les universités francophones dénoncent d’abord des coupes budgétaires au niveau du FNRS, le Fonds de la Recherche scientifique et au niveau des universités. « Il y a eu trois millions dans nos budgets qui, soi-disant, seront compensés par l’augmentation des droits d’inscription des étudiants qui viennent de dehors de l’Union européenne, mais pour nous, ce n’est pas une solution satisfaisante et nous ne sommes pas sûrs que cela compensera la coupe budgétaire« , explique Françoise Smets.
Dans son communiqué, le CREF épingle aussi les financements en provenance de la Région wallonne, « en réduction, et qui s’orientent de plus en plus vers des applications à court terme au détriment d’une recherche de base, essentielle au continuum du processus d’innovation« .
Un point important dénoncé par les rectrices et recteurs est celui de la réforme des pensions. « Si toutes les mesures annoncées à ce niveau sont activées, les académiques pourraient voir rapidement leur pension réduite de 30 à 40%« , explique le CREF. Et de rappeler que le système de pension du personnel académique est lié aux spécificités de ce personnel. « Les académiques commencent tardivement leur carrière, puisqu’il faut faire une thèse de doctorat et des séjours post-doctoraux à l’étranger« , explique Françoise Smets.
« Par ailleurs, les salaires des académiques sont moins attractifs que les salaires qu’on peut trouver dans le privé« , poursuit la rectrice de l’UCLouvain. Tout cela était « partiellement compensé par une pension plus intéressante« , ajoute-t-elle. Or, estime-t-on du côté des universités, si la pension est revue à la baisse, cela sera plus difficile d’attirer des talents.
Les universités craignent aussi une réforme du dispositif d’exonération du précompte professionnel de ceux qui pratiquent une activité de recherche dans le secteur public. « On sent une pression, une certaine volonté de supprimer cette exonération du précompte professionnel pour certaines catégories de personnel dans nos universités qui néanmoins font significativement de la recherche« , souligne Françoise Smets. Le CREF rappelle d’ailleurs que 69% des bénéficiaires de l’exonération de précompte professionnel pour des activités de recherche appartiennent au secteur privé. « On ne comprend pas pourquoi cibler tout particulièrement les universités, alors que si abus il existe, il est aussi éventuellement présent dans d’autres secteurs qui bénéficient beaucoup plus de l’exonération du précompte que le nôtre, et notamment dans les secteurs privés« , estime Françoise Smets. Selon l’analyse que le CREF réalise des projets du gouvernement fédéral, « seul le secteur public et donc, aussi les universités » serait visé par les projets de réforme en matière d’exonération de précompte. Or, « cette ristourne […] représente environ 7% des budgets de nos universités« , explique la rectrice de l’UCLouvain.
Alors, conclut Françoise Smets, « si toutes ces mesures doivent se confirmer, on ne voit pas comment on pourra y arriver » tant au niveau du financement des universités que de leur capacité à attirer « les talents et les collaborateurs et collaboratrices« .