Quand on évoque l’île de Pâques et ses immenses statues aux corps enterrés, les imaginations s’enflamment. Certains y voient la main d’une civilisation supérieure, d’autres l’intervention d’extraterrestres ou d’entités divines. Un emballement qui fait sourire le conservateur bruxellois, expert de l’Océanie, lui qui s’est rendu sur place plus d’une vingtaine de fois : » On a tout dit sur l’île de Pâques, tout le fantastique y est passé, et pourtant c’est plus simple qu’il y paraît. Je compare souvent avec nos églises gothiques. On trouve ça assez banal parce qu’elles sont chez nous, mais en fait, ce sont également des prouesses en matière de taille de pierre, de transport, d’élévation. «
Comme les pyramides égyptiennes ou la cité inca du Machu Pichu, les statues de l’île de Pâques sont donc de facture purement humaine : » Les gens se sont donné les moyens de créer ces statues, ils les ont sculptées pierre contre pierre, ils les ont transportées sur des traîneaux de bois, ils les ont dressées avec des leviers. On a fait des reconstitutions, tout cela est tout à fait réalisable, il n’y a aucun mystère là derrière, mais c’est un coup de génie de ces gens. «
Quant à la signification de cette statuaire qui a fait la renommée de l’île, elle a sans aucun doute une portée spirituelle : » Alors, l’art pour l’art n’existe pas dans les sociétés traditionnelles, où que ce soit. Par contre, en Polynésie comme ailleurs, les ancêtres sont fondamentaux, ils gèrent le monde pour les dieux. Ce sont des chefs de clan divinisés et chaque clan avait son autel avec ses statues. Et donc, toutes ces statues représentent des ancêtres et ça sert à gouverner le monde. Ce n’est pas propre à l’île de Pâques, c’est comme ça dans plein d’endroits. «