Il n’est pas certain que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, sous le coup d’un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale, serait arrêté s’il se trouvait sur le sol belge, a laissé entendre jeudi soir le Premier ministre Bart De Wever sur le plateau de Terzake (VRT), s’attirant vendredi les critiques de l’opposition écologiste.
Interrogé sur le refus de Budapest d’arrêter le leader israélien, Bart De Wever a dit comprendre cette décision. « Et je pense que nous ne le ferions pas non plus pour être très honnête« , a-t-il même confié. « Il y a aussi la realpolitik. Je pense qu’aucun État européen n’arrêterait Netanyahou s’il devait être sur son territoire« , a-t-il ajouté, tout en dénonçant le choix de la Hongrie de se retirer de la CPI.
Réactions
Ces propos ne sont pas passés inaperçus auprès de l’opposition écologiste. Avec des pareilles déclarations, le Premier ministre place la Belgique « en dehors de l’ordre international« , estiment les Verts. « Visiblement, nous nous plaçons dans le camp des pays qui ne vont plus respecter le droit international« , a dénoncé le député Staf Aerts (Groen). « C’est un virage énorme que prend notre politique étrangère« , selon lui.
Les libéraux flamands se sont également indignés. Sur X, leur député Kjell Vander Elst parle d’une « méconnaissance flagrante du droit international » qui « s’oppose à ce qu’a dit le ministre des Affaires étrangères Maxime Prévot dans sa déclaration de politique (et sa volonté) de garantir le bon fonctionnement de la Cour internationale« , selon lui.
Le PTB a aussi réagi. « Bart De Wever rejoint les rangs douteux des dirigeants européens qui méprisent ouvertement le droit international alors que la barbarie contre le peuple palestinien se poursuit« , a commenté le député Peter Mertens. « Tout le monde le sait : le droit international et les droits de l’homme universels ne sont valables que s’ils sont appliqués de manière cohérente, même contre les nations les plus puissantes et les plus grands agresseurs du monde« , a ajouté l’ancien président des marxistes.
Le précédent Premier ministre Alexander De Croo avait lui confirmé à l’automne dernier que la Belgique exécuterait le mandat d’arrêt envers Netanyahou si elle en avait l’opportunité. Une position répétée le 26 février à la Chambre par le ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot. « Je peux vous confirmer que si cela s’avérait nécessaire, notre pays se conformerait au mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale à l’encontre de M. Netanyahou et de l’ancien ministre de la défense, M. Gallant« , avait-il déclaré.
C’est donc un peu plus complexe que d’exécuter simplement l’ordre
Les juristes divergent toutefois sur la question. Selon le Pr de droit international Steven Dewulf de l’Université d’Anvers, il n’est en effet pas clair si les mandats d’arrêts émis par la CPI sont applicables à des dirigeants de pays qui ne reconnaissent pas la Cour. « Il n’est pas prévu que les mandats d’arrêt envers les dirigeants de pays qui ne sont pas partie au traité (sur la CPI) soient exécutés purement et simplement« , a-t-il commenté vendredi au micro de la VRT-radio. Au sein même du traité (pour les pays signataires donc, ndlr), les immunités ne sont pas d’application. Mais en dehors, elles pourraient bien l’être, selon le juriste. « C’est donc un peu plus complexe que d’exécuter simplement l’ordre« , a-t-il ajouté.
La Hongrie a renoncé jeudi à arrêter le Premier ministre israélien à l’occasion d’une visite officielle en Hongrie. Le pays dirigé par Viktor Orban a annoncé à cette occasion se retirer du traité sur la CPI.