Pour les rédactions, la difficulté se trouve donc à la fois dans la capacité à hiérarchiser la masse d’information, à prendre le temps de l’analyse, à mesurer les effets de certaines mesures sur le terrain, le tout alors qu’il faut continuer à couvrir l’actualité ailleurs aussi- et à ne pas devenir elles-mêmes des instruments de la sidération orchestrée depuis le Bureau Ovale.
On a une petite armée de fourmis en train de se réorganiser face à un sacré animal
Caroline Hick est la responsable de la rédaction Internationale à la RTBF. Elle est parfaitement consciente des enjeux. « Toute la rédaction internationale, d’une vingtaine de personnes, ne serait même pas suffisante », pour couvrir cette actualité, dit-elle.
Derrière chaque annonce, il faut creuser, comprendre ce qui se joue dans une perspective américaine qui n’est pas la même qu’en Belgique. « Donc là, on a une petite armée de fourmis qui est en train de se réorganiser face à un sacré animal qu’on ne sait pas très bien comment appréhender. »
Une réflexion est en cours. « Dans ce raz-de-marée, on s’est dit qu’il fallait absolument prendre un temps de recul pour pouvoir qualifier ce qui se passe, bien nommer les choses et éviter de succomber dans le raz-de-marée et le tsunami de décisions qui nous est imposé, ce sera un peu de philosophie », résume Régis De Rath le responsable éditorial Monde. « De toute façon, il y a une volonté de ne pas se faire dicter l’agenda par Donald Trump », ajoute Caroline.
Il y a une volonté de ne pas se faire dicter l’agenda par Donald Trump
Cela signifie notamment d’aller voir sur le terrain l’effet concret de décisions, de chercher des angles moins couverts. « On a beaucoup parlé de la fin de USAID [agence des Etats-Unis pour le développement international] et des répercussions dans le monde », illustre Caroline. « Là, notre correspondante aux Etats-Unis a fait un reportage qui montre que les fermiers américains sont aussi victimes en première ligne de cette politique du président américain, parce qu’ils n’arrivent plus à exporter leurs céréales, parce que USAID leur en achetait la grande majorité. »
Une démarche qui demande du temps et des ressources, « mais on a le sentiment que c’est notre rôle et que c’est plus important que jamais. »
Revoir la séquence du JT du 30 mars 2025 sur les agriculteurs américains qui subissent la baisse des exportations :