Austérité bien ordonnée commence par soi-même. Il semble régner une certaine unanimité pour réformer les pensions des parlementaires. Mais derrière les grands engagements, la division règne dans la majorité.
Bombinette : la réforme des pensions parlementaires avant celles des travailleurs
Hier, la députée Vooruit, Anja Vanrobaeys, a lâché une petite bombe : « Si les retraites parlementaires ne sont pas réformées de manière aussi drastique, alors nous ne réformerons tout simplement pas les retraites des travailleurs« .
En une petite phrase, le parti socialiste flamand liait donc le dossier de la réforme des pensions parlementaires à celui de la réforme des pensions. Dans la foulée, le PTB communiquait largement sur un soutien de Vooruit à une proposition visant à aligner le régime des pensions des parlementaires sur celui de la population générale. Bref, une séquence offensive et très symbolique, quelques jours avant le premier mai.
Coup de com de Vooruit ?
Les partenaires de la majorité n’y voient que de la communication. Ils expliquent qu’il y avait déjà un accord entre eux. La sortie de Vooruit ne serait donc qu’en carton. Un bluff destiné à faire passer un peu la pilule de l’accord de Pâques plutôt difficile à digérer pour la gauche avec la limitation des allocations de chômage dans le temps et l’amnistie fiscale.
Les partenaires de Vooruit ont donc expliqué partout qu’ils étaient prêts à avancer sur les pensions des parlementaires. Le MR, Les Engagés, le cd&V et même Bart De Wever, le Premier ministre, a assumé devant la Chambre : « Je ne vois pas la controverse (…) Il me semble logique que le Parlement se conforme aux efforts que nous demandons à la société« .
À bien écouter les différents partis de la majorité, la question est déjà réglée. Vooruit se fait mousser à bon compte car un accord existe pour tailler dans le régime des parlementaires afin de ne pas donner l’impression d’un deux poids deux mesures. Sauf que cet accord ne figure pas dans l’accord de gouvernement et n’a pas été évoqué publiquement lors de la présentation de l’accord de Pâques.
Quel accord sur les retraites en Belgique ?
Mais alors sur quoi sont-ils d’accord ? Sur pas grand-chose. Sur la forme, une réunion du bureau a eu lieu hier et il a été convenu que les discussions commenceraient au parlement après la remise, la semaine prochaine, d’un rapport d’expert.
Sur le fond, il n’est pas du tout évident que les partenaires de la majorité soient si d’accord que ça pour un alignement intégral. Il semble y avoir un accord sur le transfert de la caisse de pension du Parlement vers le service fédéral des pensions. Mais sur le reste, les réticences existent, surtout au MR et à la N-VA.
La pension du parlementaire est calculée à partir de son dernier salaire. Or, le gouvernement souhaite que la pension soit calculée sur la carrière complète pour tout le monde.
Le gouvernement a introduit une moindre indexation pour les plus hautes pensions, quid pour celles des parlementaires ? On peut ajouter la question des périodes assimilées, de l’âge de départ à la pension, du plafond de pension.
Et toute cette discussion est hantée par la question des droits acquis. Est-ce qu’il faut revoir les conditions pour l’avenir, mais sans revenir sur les droits acquis dans le passé ? Dans les précédentes réformes, ce principe prévalait. Mais les parlementaires auront bien du mal à justifier une exception alors que les droits acquis sont remis en cause par le gouvernement pour les travailleurs du privé et encore plus du public.
Il semble donc que la sortie de Vooruit, même opportuniste, ne repose pas sur du vent. La majorité actuelle a bien du mal à s’appliquer ce qu’elle demande aux travailleurs.