Le pacte de gouvernement débloque une enveloppe de 150 millions pour la justice. Pour le Procureur du Roi de Mons-Tournai, Vincent Macq, ce n’est pas une si bonne nouvelle que cela. Il faut en tout cas relativiser ce que ce montant représente, à l’aune des besoins nécessaires, pour le monde judiciaire dans son ensemble. Une grande partie du budget devrait être utilisé pour moderniser les prisons, ou en construire de nouvelles. Que restera-t-il pour engager du personnel, dans les Cours et tribunaux? Pour améliorer les bâtiments, l’informatique? « On est toujours nulle part », regrette Vincent Macq. Pour lui, plus que jamais, la justice « est à bout de souffle« . Entretien.
« On pourrait se dire : 150 millions d’euros pour la justice, mais quelle belle nouvelle! Je pense que c’est une relativement bonne nouvelle pour tout ce qui concerne les établissements pénitentiaires, puisqu’on sait que l’essentiel de cette somme va partir dans les prisons. On sait qu’aujourd’hui il y a une crise dans les prisons. Il y a une surpopulation qui est inacceptable, que les personnes qui sont détenues le sont dans des conditions épouvantables et que l’Etat est pointé du doigt par rapport à ça. Donc il y avait une urgence politique de répondre à un besoin. Et ces 150 millions vont répondre à ce besoin. Ils ne vont absolument pas répondre à tous les autres besoins sur lesquels on insiste depuis des années et des années et qui sont des besoins qui, eux, concernent le pouvoir judiciaire en tant que tel, le fonctionnement de la justice, les juges, les procureurs, le personnel, les bâtiments, l’informatique. Il est clair que par rapport à ça, on en est toujours nulle part ».
Vincent Macq commence par rappeler les problèmes d’effectifs, dans le monde judiciaire. « Aujourd’hui en Belgique, il manque plus de 250 magistrats. Il manque des milliers de personnes, au niveau du personnel administratif, dans les greffes, dans les secrétariats de parquet. Donc ce n’est évidemment pas quelques malheureux millions qui permettront de combler cela ».