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L’obligation de vote, une certaine idée de la démocratie

La fin du vote obligatoire aux élections locales en Flandre a fait s’effondrer la participation électorale. Pratiquement un tiers des électeurs en moins par rapport aux dernières élections. C’est ce que révèle une étude commandée par la ministre des pouvoirs locaux.

Effondrement de la participation électorale en Flandre

La région flamande avait décidé sous l’ancienne législature de supprimer l’obligation de vote. Une mesure portée alors par Bart Somers, du parti libéral flamand. Résultat : 63% de participation lors du dernier scrutin local. Il y a six ans, 92% des électeurs s’étaient encore déplacés en Flandre. Un effondrement, un tiers des électeurs qui n’ont plus fait entendre leur voix et ne comptent plus.

Un résultat assez similaire avait été observé aux Pays-Bas dans les années 70, lorsque nos voisins du nord avaient supprimé l’obligation de vote. Depuis, la participation électorale n’a cessé de baisser. Désormais, un électeur sur deux ne se déplace plus. Cet effondrement était donc prévisible. Il y avait peu de doute chez les experts pour affirmer que l’obligation de vote favorise la participation, en voilà un nouvel exemple.

Les couches les plus précaires se détournent du vote

L’étude a de plus révélé les électeurs qui ne se sont pas déplacés. Et là aussi, c’était assez prévisible : ce sont les moins diplômés et les plus jeunes qui se sont surtout détournés du scrutin. Le politologue américain Arend Lijphart, avait déjà démontré il y a 20 ans, chiffres à l’appui, que la fin de l’obligation de vote est dommageable aux couches sociales les moins favorisées.

Un nouveau débat sur l’obligation de vote ?

Est-ce que cela relance le débat sur l’obligation de vote en Flandre ? Peut-être. Le CD&V s’est dit favorable à sa réintroduction, mais la N-VA y est fermement opposée. Dans ce débat, les arguments de principe sont mêlés à des arguments opportunistes. Sur les principes, les tenants de l’obligation considèrent qu’elle pousse à s’intéresser à la politique, que lorsqu’on est obligé de se rendre aux urnes, on est aussi obligé de s’y intéresser un minimum. Les opposants à l’obligation tiennent le raisonnement inverse : la fin de l’obligation pousse les partis à stimuler les électeurs à se rendre dans les urnes et rend la vie politique plus dynamique. Le résultat d’octobre leur oppose un démenti assez cinglant.

Dans les faits, le débat sur l’obligation de vote tient largement à des raisons opportunistes. Vooruit ou le CD&V pensent que l’obligation leur sera favorable. Le VLD et la N-VA pensent l’inverse. Sur ce dernier point, les résultats des élections ont été calamiteux pour le VLD, et plutôt favorables au CD&V. Ce qui démontrerait que l’obligation de vote ne favorise pas clairement un parti au détriment d’un autre et que ceux qui vont voter parce que c’est obligatoire ne font pas un choix moins éclairé que les autres.

Electeurs obligés, électeurs frustrés ?

L’idée que l’obligation de vote favoriserait les extrêmes n’est en tout cas pas fondée. En Flandre, c’est pourtant ce qui a pesé sur le débat, l’idée que les électeurs obligés, peu motivés, se défouleraient dans les urnes en favorisant les partis populistes ou extrêmes. Ce n’est pas ce qu’on observe dans les faits et c’est même l’inverse. Les électeurs du Vlaams Belang, du Rassemblement national ou de Trump sont même souvent plus motivés que les autres.

Ce débat sur la motivation nous ramène à 1893, cette année où la Belgique a décidé de l’obligation de vote. Déjà à l’époque les raisons mêlaient opportunisme et principes. Les libéraux y étaient opposés par principe et par calcul. Les catholiques ont défendu l’obligation car ils craignaient que les électeurs des campagnes modérés ne se déplacent pas assez face aux électeurs motivés des socialistes dans les grandes villes. Les socialistes la défendaient aussi car ils craignaient qu’une partie de l’électorat ouvrier soit retenue par les employeurs au travail. Et puis, pour les deux partis, il y avait l’argent. Attirer les électeurs aux urnes coûtait cher à l’époque.

Que retenir de cette longue histoire ? Que l’obligation de vote fonctionne. Qu’elle favorise la participation égalitaire de la population au scrutin. Elle envoie un signal social de ce qui est attendu des citoyens en démocratie. Certes, l’obligation n’est pas la panacée. Certes elle n’est pas sans défauts. Mais, l’expérience flamande vient de le confirmer : la supprimer n’a jamais redonné des couleurs à la démocratie.



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