Il y a eu une rupture dès le début du pontificat du pape François selon Myriam Tonus, théologienne : « l’Église américaine s’éloignait de plus en plus du style et des propos du pape François. Les évêques américains ne le soutenaient pas. Pendant tout son pontificat, il a tenu une ligne qui était extrêmement claire, celle de la défense des plus fragiles, des rejetés, des plus pauvres, des migrants, des souffrants, etc. Il a commencé par Lampedusa et il n’a jamais dévié de cela, alors que sur d’autres sujets, ses positions avaient varié. »
Le pape François avait d’ailleurs adressé une lettre aux évêques américains au début du deuxième mandat de Donald Trump, une lettre pastorale, pour leur redire combien la politique mise en œuvre aux États-Unis était contraire à l’esprit même du christianisme.
Une lettre à laquelle le vice-président a répondu en personne, se rappelle Eddy Caekelberghs : « Il a répondu au Pape en lui disant publiquement en gros, qu’il devait se mêler de ce qui le regardait et que sa pensée, la pensée du Pape, n’était pas une pensée acceptable, que l’amour du Christ ne s’étendait pas à ceux qui venaient profiter honteusement d’un système. Donc il y a eu des échanges de mots très durs. Et donc d’ailleurs, on imagine que l’entrevue d’hier, bien que brève, n’a pas dû être un plaisir pour François. »
Un traditionalisme renforcé ces dernières années
Aux États-Unis et dans l’Amérique latine s’est développé le protestantisme évangélique avec une théologie fondamentale. Les grands thèmes sont les mêmes, mais pas traités du tout de la même façon, et attirent notamment de nombreux jeunes comme l’explique Myriam Tonus : « C’est une église qui devient politique et qui, en revenant à des vieux rites, à une morale qui est presque celle du siècle passé, réconforte les gens qui vont revenir vers eux. Il y a des jeunes qui sont attirés par ça, parce qu’évidemment c’est une église qui ne vous permet même pas de poser de questions. Elle a toutes les réponses. En fait, des églises comme ça, qui apparaissent comme des remparts sûrs contre tous les dangers réels et surtout imaginaires, ça rassure. »
J.D. Vance comme nouvelle figure de proue
Converti il y a un peu plus de cinq ans au catholicisme, J.D. Vance représente ce qu’il qualifie lui-même de catholicisme identitaire, éloigné de ce que représentait le pape François : « Pour eux, le Pape n’était pas un pape rassembleur, c’était un Pape diviseur qui faisait de la politique et pas de la foi« , selon Eddy Caekelberghs, journaliste pour la RTBF.