Face à toutes ces inquiétudes, une question se pose : a-t-on vraiment raison de faire des parallèles avec l’Histoire, et ici les années 1930, pour analyser l’actualité ? « D’une manière générale, je dirais qu’on a toujours raison de convoquer l’Histoire dans quelque situation que ce soit, à condition toutefois de bien se rendre compte que comparer, c’est aussi identifier ce qui ne correspond pas » précise Julien Paulus.
Le coordinateur du Centre d’études des Territoires de la mémoire souligne ainsi que le contexte des années 30 était animé par une violence beaucoup plus importante, notamment par des milices armées, héritées de la Première Guerre mondiale, qui surpassaient l’armée allemande.
Toutefois, il pointe aussi des similitudes dans la tentation qui existe d’essayer l’extrême droite au pouvoir, à défaut de satisfaction des précédents gouvernements. C’est le cas en France avec le Rassemblement National, ou même en Belgique avec le Vlaams Belang. Or, laisser l’extrême droite monter au pouvoir n’est pas sans précédent. « C’est exactement le calcul qui a été fait en 1932. ‘On n’a qu’à le mettre au pouvoir, lui Hitler, de toute façon, c’est un imbécile. On va le cadenasser, on va le maîtriser.’ Ils n’ont rien vu venir et en quelques mois, c’était plié. Le rapport de force était complètement inversé. Le parti nazi a pris le pouvoir total et c’était fini jusqu’en 1945 » rappelle Julien Paulus. Il explique aussi qu’un magnat de la presse allemande a aidé le parti nazi à se populariser. Un parallèle qu’on peut facilement tracer avec l’empire Bolloré et ses rapports au Rassemblement National.
L’histoire peut donc aider pour analyser le présent. Mais de là à dire que les jeux sont faits et que notre avenir est tracé, c’en est trop : « L’Histoire ne repasse jamais les plats, il faut quand même s’en souvenir. Il peut y avoir des comparaisons, mais ça ne veut pas dire que ça se répète, ça ne se répète jamais. Les événements ne sont pas cycliques« .