Menace ultime dans cette escalade ? L’Inde envisage de suspendre le traité qui règle le partage des eaux de l’Indus. Le fleuve, s’il prend sa source au Cachemire arrose principalement le Pakistan. Ce sont ces eaux qui alimentent l’agriculture pakistanaise du Pendjab. Toucher à l’Indus, c’est menacer la culture de céréale, celle de coton, voire menacer de transformer le Pakistan en désert. En 2016, déjà, Narendra Modi prévenait : « Le sang et l’eau ne peuvent couler simultanément« .
Le Pakistan le sait qui a répondu « considérer cela comme un acte de guerre« . Il prévient : « Il répondra avec toute la force de la puissance nationale« . Avant de déployer cette « force« , (ou précisément pour éviter d’avoir à le faire), le Pakistan a déjà remis en cause l’ensemble des accords bilatéraux avec son voisin, y compris celui qui fixe les lignes de partage du Cachemire ou qui fonde le Bangladesh voisin.
En guise d’explication, peut-être, à toutes ces tensions, Le Monde souligne les difficultés rencontrées sur la scène intérieure par les autorités pakistanaises et indiennes. Narendra Modi a vécu une réélection difficile en juin dernier quand le Pakistan lui traverse une crise économique et sécuritaire. Miser sur l‘affrontement, l’un comme l’autre, jouer la carte du voisin menaçant, est bien utile pour ressouder une nation derrière son chef.
Un analyste de la question le souligne au Guardian : « Le paysage international – de Gaza à l’Ukraine – a rendu moins durables des accords territoriaux autrefois sacro-saints. Ce contexte pourrait encourager Delhi à durcir sa position« . Ajoutons que, dans ce contexte international où le respect des frontières et du statu quo territorial a perdu de son caractère essentiel, chaque instant de tension tend à se révéler plus explosif.