À l’occasion de la vacance du siège pontifical, Mgr Luc Terlinden, archevêque de Malines-Bruxelles et président de la Conférence épiscopale belge, a salué le parcours et l’engagement du pape François. Il est revenu sur l’influence du pape, la diversité du collège cardinalice et la place de la Belgique dans l’Église universelle sans toutefois condamner les propos du Pape sur l’avortement.
Un deuil marqué par la reconnaissance
Mgr Terlinden a d’abord souligné l’émotion suscitée par la disparition du pape François, une « grande figure » dont l’héritage marquera durablement l’Église. « Nous allons vivre notre deuil du pape François, grande figure comme on l’entend partout, et les premières tâches des cardinaux, ce sera d’organiser ses funérailles« , a-t-il expliqué, insistant sur l’importance de ce moment de recueillement et de gratitude pour le service rendu à l’Église universelle.
Un collège des cardinaux renouvelé et ouvert sur le monde
L’archevêque a mis en lumière le changement profond opéré sous le pontificat de François dans la composition du collège des cardinaux : « François a énormément renouvelé ce collège des cardinaux en créant des cardinaux dans des lieux tout à fait imprévisibles, comme en Mongolie, à Téhéran. Un Belge d’ailleurs, Dominique Mathieu« . Selon Mgr Terlinden, cette ouverture reflète la volonté du pape de donner une voix à toutes les périphéries de l’Église : « Le jeu est très ouvert. On a beaucoup de mal à pouvoir tracer déjà aujourd’hui ou donner des pronostics. Parce que, en effet, le pape François a ouvert ce collège des cardinaux au monde entier et l’affluence des Italiens notamment, est beaucoup plus réduite qu’auparavant, mais aussi des Européens en général« .
La Belgique, une Église présente mais humble dans l’Église mondiale
Interrogé sur la représentation belge au conclave, Mgr Terlinden a rappelé que la Belgique compte deux cardinaux, Dominique Mathieu et Jozef De Kesel, mais que leur rôle dépasse la simple représentation nationale : « Ils ne sont pas là au nom de l’Église de Belgique. Ils sont là en conscience, pour porter la mission universelle de l’Église« . Il a également précisé qu’il n’existe plus d’automatisme pour la nomination des cardinaux selon les sièges épiscopaux, une tradition abolie par François : « Il n’y a aucune sanction. D’abord, le pape François a décidé qu’il n’y avait plus de siège épiscopal où l’évêque devenait automatiquement cardinal« .
Des propos sur l’avortement qui ne passent toujours pas
Le pape François avait fait une visite remarquée en Belgique en septembre 2024 à l’occasion des 600 ans des universités catholiques de Louvain et de Louvain-la-Neuve. Lors de cette visite de 4 jours, il avait tenu des propos polémiques sur la place des femmes et l’avortement, causant de nombreuses réactions chez nous.
A Louvain-la-Neuve, le pape François avait été accueilli tout sourire par les étudiants des différents cercles en tenue d’apparat. Mais face aux jeunes et aux chercheurs qui interrogeaient les positions de l’Eglise notamment sur le rôle des femmes. Sa réponse avait douché les espoirs d’ouverture. « La femme est accueil fécond, soin, dévouement vital. La femme est donc plus importante que l’homme, mais c’est moche quand la femme veut faire l’homme, ça reste une femme« , avait déclaré le souverain pontife, provoquant des crispations dans l’assemblée.
Cette visite du pape François en Belgique avait également ravivé le débat sur l’avortement, notamment après ses propos qualifiant l’acte d’ »homicide » et assimilant les médecins qui le pratiquent à des « tueurs à gages« . Interrogé sur ces déclarations qui ont suscité la polémique, Mgr Luc Terlinden a reconnu le caractère provocateur du langage du pape, tout en réaffirmant l’attachement de l’Église à la défense de la vie : « Il y a une conviction profonde du respect de la vie, de toute vie humaine, que nous partageons aussi comme évêques belges. Mais sa manière de communiquer… Il est un peu provocant. Il aime dire aux jeunes qu’il faut mettre la pagaille. Il avait parfois des mots assez forts pour réveiller les consciences« .
Plutôt que de désavouer les propos du pape, Mgr Terlinden a préféré insister sur la nécessité du dialogue et du respect des consciences, soulignant que la question de l’avortement ne saurait se réduire à des slogans ou à des jugements tranchés : « Je ne voudrais pas ici faire le procès de tous les médecins, loin de là. Nous voulons aussi garder le dialogue dans le respect des consciences, et il [le pape] en est d’accord. C’était aussi un peu son tempérament d’affirmer les choses parfois de manière très radicale, pour réveiller un peu les consciences« .