Si on en revient au modèle d’une assurance-chômage basée sur deux pieds, Bruno Van der Linden juge que le modèle proposé par l’Arizona penche dangereusement d’un seul côté : celui de l’incitation financière au détriment de la protection du travailleur face au risque de perte d’emploi.
« J’ai particulièrement une préoccupation sur les conditions d’entrée et d’accès aux allocations de chômage. En effet, ici, on a une réforme qui veut mettre plus vite les gens hors du système d’indemnisation. Or, on est dans un contexte aussi où le gouvernement veut un marché du travail plus flexible, ce qui veut notamment dire des carrières plus hachées, plus interrompues, des contrats plus courts. Donc, il me semble alors que quelque chose qui est important du point de vue de l’assurance et qui est déséquilibré ici, ce sont les conditions qui sont nécessaires pour commencer à avoir le droit aux allocations de chômage« .
En d’autres termes, face à la flexibilisation du marché de l’emploi, ne faudrait-il pas en contrepartie mieux protéger le travailleur et assouplir les conditions d’accès aux allocations de chômage ?
Ce n’est en tout cas pas ce qui est prévu par le gouvernement Arizona puisqu’en plus de la limitation des allocations dans le temps, leur dégressivité est aussi renforcée. La Belgique est pourtant déjà l’un des pays qui demande le plus de jours de travail effectifs pour ouvrir le droit à une allocation. Il faut ainsi avoir travaillé au minimum 312 jours, là où aux Pays-Bas un travailleur qui a travaillé 6 mois a déjà droit à 3 mois d’allocations.
► Pour mieux comprendre qui sont les chômeurs de longue durée et quels sont les freins à leur remise à l’emploi, écoutez l’entièreté du podcast des Clés dans le player ci-dessus ou sur Auvio.