Le gouvernement De Wever tient son accord de Pâques. Des économies historiques en sécurité sociale, en chômage, maladie et pension, des investissements tout aussi historiques dans la défense.
Un accord historique sur le plan social en Belgique
C’est Bart De Wever lui-même, historien de formation, qui utilise ce qualificatif d’historique. Et on ne saurait lui donner tort. Car cet accord revoit en profondeur le modèle social belge, plus en profondeur que ce que les gouvernements Michel, Di Rupo ou Dehaene avaient pu faire. Si on prend un peu de recul, on se souviendra des difficultés avec lesquelles Charles Michel avait fait passer l’âge de la pension à 67 ans ou des tiraillements d’Elio Di Rupo quand il avait dû limiter les allocations d’insertion à trois ans pour les jeunes. Ici, entre la limitation dans le temps des allocations de chômage, la fin du bonus pension, la remise au travail des malades de longue durée, le plafonnement des plus hautes pensions publiques, l’État-providence belge connaît certainement un de ses réajustements les plus importants.
La grande promesse de revaloriser le travail, moins les travailleurs
Pas de surprise, c’était la grande promesse des partis qui ont gagné les élections penserez-vous. Oui et non. La grande promesse, certainement du MR et des Engagés, était de revaloriser le travail. Il fallait comprendre que ceux qui travaillent devaient être récompensés, et qu’il faudrait pour cela moins aider ceux qui ne travaillaient pas ou pas assez. En réduisant la voilure de l’État social, on augmenterait les salaires de ceux qui bossent. Or, dans cet accord de Pâques, il y a effectivement une réduction importante de la voilure sociale, mais assez peu de promesses de revalorisation de ceux qui travaillent. Il y en a pour les indépendants qui pourront bénéficier d’un crédit d’impôt plus important, il y en a pour les employeurs qui pourront bénéficier de diminutions de cotisations sociales, il y en a pour les fraudeurs fiscaux qui pourront bénéficier d’une nouvelle régularisation fiscale. Mais pour les salariés, finalement, pas de vraies récompenses.
Effort de défense
Parce que ces économies réalisées en sécurité sociale vont servir à autre chose : à résorber le déficit public, priorité affichée par Bart De Wever, et depuis peu, réarmer la Belgique avec un effort pour atteindre dès la fin de cette année les 2 % du PIB en défense. Même si le gouvernement fait tout pour éviter l’impression d’un transfert de la sécurité sociale vers la défense, en évoquant la vente de bijoux de famille ou le dividende de Belfius. Ceci s’explique : une partie de l’opinion n’avait pas avalé qu’en 2008 on trouve des dizaines de milliards pour sauver les banques alors qu’on lui demandait des efforts depuis des années. Ce même sentiment pourrait surgir ici à propos de la défense. Mais, il ne faut pas avoir fait cinq ans d’études en économie pour comprendre que ce dividende ou ces actifs auraient pu être affectés à la réduction du déficit public ou à la revalorisation des salaires, et que ce ne sera pas le cas, situation internationale oblige.
Un ciment pour le gouvernement De Wever
Le gouvernement De Wever tient son premier grand accord. On peut parler d’un ciment pour le gouvernement. Car la contestation sociale est forte, et que le gouvernement avance malgré tout. Après la fondation, l’accord de gouvernement, la maison De Wever élève désormais ses premières briques solides. En même temps, le ciment est loin d’être sec, plusieurs dossiers n’ont pas été tranchés faute d’accords. On notera tout le dossier des périodes assimilées pour la pension et l’affectation précise des moyens de la défense. C’est au pied du mur qu’on voit le maçon, c’est vrai, mais c’est aussi au milieu du mur, et à la fin du mur. Et Bart De Wever n’a pas fini de manier la truelle.