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Fin des Cora : pour les travailleurs, le parcours du combattant pour retrouver un emploi

Dans les prochaines semaines, les prochains mois, les presque 2.000 travailleurs de Cora vont se retrouver au chômage. Avec la perspective de devoir retrouver un emploi rapidement. Une situation compliquée, alors que le secteur de la distribution ne se porte pas bien. Le politique a annoncé qu’il allait accompagner ces travailleurs et travailleuses, notamment en mobilisant les structures d’aide à l’emploi ACTIRIS et le FOREM. Après avoir reçu la direction de Cora hier, le gouvernement wallon recevait, ce mercredi, les syndicats.

Près de 1800 personnes seront licenciées

Avec 1779 personnes qui seront licenciées, la fermeture de Cora se place dans la triste liste des plus grands licenciements collectifs des 15 dernières années. Aux côtés de Ford, Audi, Caterpillar, Carrefour et Delhaize. On perd parfois le fil, ces 2 dernières années, tant les annonces concernant le secteur se succèdent.

« Le secteur va mal, et pour plusieurs raisons« , explique Myriam Delmée, secrétaire générale du Secta, qui travaille sur le dossier Cora depuis quelques années. « Lorsque nous expliquons aux fédérations patronales qu’il est urgent de discuter de l’avenir du commerce, car la Belgique est un petit pays, où l’on peut rapidement se rendre à l’étranger pour faire ses achats, et que l’e-commerce prend de l’ampleur chaque jour, il y a peu de réponses. On se rend compte pourtant que le commerce physique en Belgique est en difficulté. Autres difficultés plus récente: la franchisation de magasins, les jobistes étudiants et l’ouverture le dimanche matin. » 

Cette analyse est partagée par Benjamin Wayens, professeur de géomarketing et localisation des entreprises à l’Université Libre Bruxelles (ULB): « Le secteur de la grande distribution est actuellement sous pression. Il y a une concurrence intense, car la Belgique compte de nombreuses chaînes de supermarchés et d’hypermarchés. De plus, le taux d’équipement est très élevé, ce qui génère une concurrence accrue entre les acteurs. Cela a un impact sur les marges, la rentabilité et la gestion du personnel.« 

Des travailleurs de Cora qui risquent d’être mal placés sur le marché de l’emploi

Selon le professeur, le secteur n’a pas forcément moins d’emplois à pourvoir, mais ils sont différemment organisés qu’auparavant: « C‘est un secteur qui connaît une reconfiguration de l’emploi. Par exemple, on a vu un passage de magasins succursalistes à des franchises, comme chez Delhaize. Ce sont des transformations qui affectent l’organisation du travail dans le secteur. »

Pour les travailleurs et travailleuses de Cora, la situation risque donc d’être compliquée: « Il faut bien noter qu’un changement d’employeur implique également un changement dans les conditions de travail« , analyse Benjamin Wayens, par exemple, travailler dans un grand hypermarché, où il y a plusieurs centaines de travailleurs, est bien différent que dans un supermarché plus petit, avec une équipe réduite. Le niveau de spécialisation et les méthodes d’organisation peuvent varier. »

Travailler dans un grand hypermarché, c’est différent que de travailler dans un autre type de structure : « Travailler dans un grand hypermarché, c’est gérer un établissement de grande taille avec des centaines de travailleurs. Cela implique des méthodes d’organisation du travail qui diffèrent de celles d’un supermarché plus petit, où les travailleurs sont souvent plus polyvalents et doivent faire preuve de plus de flexibilité. Les emplois dans des magasins spécialisés, comme ceux de l’électroménager ou des vêtements, présentent aussi des différences, car les compétences requises sont différentes. »

Certains travailleurs ont ainsi été formés pour être capables de travailler dans tous les départements du magasin. Ils sont donc compétents dans plusieurs domaines, ce qui les rend particulièrement intéressants.

Myriam Delmée, secrétaire générale du Secta

Pour Myriam Delmée, ce constat ne s’appliquera toutefois pas au personnel de Cora: « Chez Cora, les travailleurs sont généralement polyvalents. En 2015, lors de la première restructuration, nous avons négocié l’introduction de la polyvalence. Auparavant, il n’y en avait pas. Certains travailleurs ont ainsi été formés pour être capables de travailler dans tous les départements du magasin. Ils sont donc compétents dans plusieurs domaines, ce qui les rend particulièrement intéressants », rassure-t-elle. 

« Ces travailleurs peuvent gérer plusieurs rayons, notamment dans des départements comme le non-alimentaire. Ils sont formés pour être autonomes, capables de gérer plusieurs tâches en même temps. Ces compétences sont précieuses, mais malheureusement, la tendance actuelle est au ‘jeunisme’, ce qui n’est pas la philosophie de Cora », nuance cependant la secrétaire générale du Setca.

Pour les travailleurs de Cora, la difficulté va venir de la valorisation de leur ancienneté : « En effet, beaucoup d’entre eux ont passé leur carrière chez Cora. D’après les chiffres de 2023, 50 % du personnel avait plus de 20 ans d’ancienneté et plus de 60 % avait plus de 45 ans. Ces personnes vont se retrouver sur le marché du travail dans un an, deux ans, voire trois ans, avec plus de 50 ans, et probablement avec des problèmes de santé liés à leur travail de longue durée dans le commerce, tels que des douleurs aux coudes, aux hanches, au dos, etc. Quel employeur va accepter de les embaucher ? Même s’ils sont expérimentés, ils seront plus coûteux à rémunérer, car l’expérience est valorisée dans le secteur, mais cela représente un coût pour l’employeur. Quel employeur va relever ce défi de recruter des travailleurs qui ont des compétences précieuses mais qui, malheureusement, sont perçus comme un fardeau en raison de leur âge et de leur expérience ? », commente la syndicaliste.

Une situation géographique qui influence aussi la réalité d’emploi

À côté de ces constats d’âge et d’expérience, Benjamin Wayens ajoute un facteur géographique: « L’intensité du commerce de détail varie d’une région à l’autre. Par exemple, Cora a principalement des implantations dans le Hainaut, la région liégeoise et Bruxelles. Ces trois marchés de l’emploi sont différents. À Bruxelles, avec sa grande densité commerciale, il est probablement plus facile de se réorienter vers un autre poste, même dans un secteur différent. Par exemple, un agent de sécurité qui travaillait chez Cora pourrait facilement se reconvertir en surveillant des bureaux ou en travaillant dans des aéroports. En revanche, dans le Hainaut, le marché de l’emploi est plus restreint, avec moins de diversité économique et moins de dynamisme.« 

La situation risque donc d’être plus compliquée pour une région déjà touchée par un taux de chômage important : la région du centre. « À Bruxelles, le marché est dense et bien desservi, ce qui facilite les déplacements pour trouver un autre emploi. Mais dans des régions comme La Louvière ou Hornu, la situation est différente. Là, les travailleurs risquent de devoir parcourir de longues distances pour trouver un autre emploi, et la dépendance à l’automobile peut rendre les trajets compliqués, surtout s’ils occupent des postes à temps partiel ou avec des horaires découpés, qui sont fréquents dans ce secteur. Cela peut entraîner des situations inconfortables, avec des revenus en baisse« , analyse le spécialiste.

« Ces travailleurs se retrouveront probablement dans un marché de l’emploi plus restreint. En plus, la distance à parcourir pour accéder à d’autres opportunités d’emploi, combinée à la dépendance à l’automobile, complique encore plus la situation. Le marché local peut avoir du mal à absorber tous ces travailleurs, ce qui risque de créer davantage de difficultés », ajoute Benjamin Wayens.



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