Ecolo va-t-il accepter d’entrer dans un gouvernement bruxellois ? Les verts avaient choisi l’opposition après leur défaite en juin. Mais dix mois après les élections, leur position devient de plus en plus difficilement tenable.
La claque pour Ecolo aux dernières élections
Le 9 juin dernier, Ecolo perdait la moitié de ses sièges et de ses voix, une claque, et fait le choix logique de l’opposition. Un choix dicté par les urnes donc, mais aussi par la campagne électorale où ils ont été victimes du tir croisé de l’opposition MR mais aussi de leur ex-partenaire socialiste. En ciblant le plan Good Move ou la zone de basse émission, les socialistes ont brûlé leur vaisseau éco-socialiste : les verts se sont sentis trahis.
L’amertume de la défaite s’est mêlée à la rancœur politique et personnelle. L’opposition a à peine fait débat. Au vainqueur, PS-MR-Engagé, de se débrouiller avec leur victoire.
Contestations internes
Mais cette position est désormais contestée en interne. En réalité elle l’est depuis l’automne déjà. Avec des voix comme celle de l’ancienne ministre Evelyne Huytebroeck. Mais ce débat restait assez discret. Dès l’automne, Ecolo et Défi sont aussi approchés par le MR et les Engagés pour tenter de contourner le PS. La cheffe de groupe au parlement fédéral Zakia Khattabi s’en était d’ailleurs publiquement étonnée. Elle expliquait que le seul but des négociateurs lui semblait de vouloir se passer du PS. Et elle rappelait, assez fermement, qu’Ecolo avait choisi l’opposition.
Evolution : Ecolo est prêt à monter au gouvernement bruxellois
L’eau a coulé sous les ponts. Ecolo désormais ouvre doucement la porte au pouvoir. Ce matin dans Le Soir, Marie Lecocq, la co-présidente, affiche un discours plus ouvert, affirmant que son parti est « prêt à négocier« . Mais elle fixe une série de conditions, sur le plan programmatique : respect de la zone de basse émission, taxe kilométrique pour les voitures, stop béton, création de logements sociaux. Mais elle fixe aussi un préalable : Ecolo ne veut pas gouverner avec la N-VA et souhaite un gouvernement d’unité régionale avec le PS et avec le MR. On résume donc l’affaire : pas de N-VA, ce qui est aussi le point qui bloque depuis 6 mois pour les libéraux. Le PS à bord, alors que les libéraux veulent justement contourner les socialistes et, à bien lire entre les lignes, pas de Défi ou d’Engagés autour de la table.
Pas d’Arizona à Bruxelles
Dans cette formule, le MR se retrouverait sans ses partenaires du fédéral. C’est le but de la manœuvre, en effet, car Ecolo ne veut pas donner l’impression d’être une béquille pour un Arizona bruxellois. Et puis, Ecolo veut éviter que le gouvernement ne penche trop à droite. En interne, cette formule est aussi la plus rassembleuse, car la régionale du parti est divisée entre aile gauche et aile droite.
Est-ce que cette posture peut débloquer la situation ? Après dix mois, il ne faut jurer de rien. Mais puisqu’Ecolo ne veut pas de la N-VA et exige la présence du PS et du MR, le principal problème (le mariage entre libéraux et nationaliste) reste. Notons que ce qui est nouveau, c’est surtout l’expression publique, sous la pression, de cette posture plus participationniste chez Ecolo. Car cette éventualité avait déjà été évoquée à l’automne lors de discussions informelles et n’avait pas convaincu les libéraux. Désormais, c’est public, ce qui a l’avantage pour Ecolo de ne plus apparaître comme étant au balcon. Quant à dire qu’Ecolo sera un « game changer« , pour parler comme un (mauvais) consultant, on ne peut que se montrer très circonspect.