Des certificats à tour de bras, une enquête de la RTBF diffusée le 18 avril a révélé les pratiques frauduleuses d’un docteur de Saint-Gilles. Chaque matin, une vingtaine de personnes se pressent devant sa porte avant l’heure d’ouverture pour obtenir ou prolonger un faux certificat médical.
Parmi eux, des employés de la STIB… Ce qui n’a pas échappé à la direction. À la vision de notre reportage, la société des transports bruxellois nous indique avoir déjà porté plainte, il y a un an, auprès de l’Ordre des Médecins pour dénoncer ces pratiques illégales. « Nous avons constaté que le nom d’un médecin revenait de manière anormalement nombreuse sur les certificats d’incapacité que nous recevons de la part de notre personnel« , déclare la porte-parole de l’entreprise, Françoise Ledune. « Non seulement, c’était le médecin qui délivrait le plus de certificats, mais ces certificats étaient également ceux qui étaient les plus contestés par les médecins-contrôle.«
C’est édifiant
Et alors que la STIB assure n’avoir jamais reçu de suite de la part de l’Ordre, dans notre enquête, l’Ordre des Médecins se disait pourtant très choqué. « C’est quand même quelque chose d’assez extraordinaire. C’est édifiant« , s’exclamait le professeur Christian Melot, vice-président de l’Ordre des Médecins.
Alors comment se fait-il que malgré le signalement, l’association professionnelle des médecins ne soit pas au courant ? Nous avons à nouveau sollicité ce samedi l’Ordre des Médecins. « Quand nous recevons une plainte, nous donnons un accusé de réception au plaignant ou lui demandons de préciser sa plainte si elle n’est pas complète. Ensuite, on le prévient que la loi interdit à l’Ordre de le tenir au courant du résultat de la sanction relative à l’enquête effectuée à la suite de la plainte« , répond le vice-président de l’Ordre des Médecins. Selon lui, « chaque plainte est examinée« . « Le médecin doit donner sa version des faits ainsi qu’une copie du dossier médical du jour de la plainte.«
C’est ensuite aux 16 conseillers bruxellois du Conseil provincial de trancher. Une décision disciplinaire qui tiendra compte des éventuels antécédents du médecin. « L’Ordre garde tous les antécédents concernant les médecins. La gravité est confirmée par la répétition de ce certificat de complaisance. À ce moment-là, la sanction est bien évidemment croissante« , répond le vice-président.
Le médecin que montre le reportage n’a pas voulu répondre à nos questions mais sa radiation n’est pas envisageable. Il pourrait toutefois encourir une interdiction de professer pendant un ou plusieurs mois.