La réforme portée par le ministre David Clarinval (MR) fait des gagnants et des perdants.
D’une part, ceux qui avaient un revenu au-dessus de l’ancien plafond de 3432,38€ – à peu près deux tiers des travailleurs estime Philippe Defeyt – sont gagnants pendant six mois puisqu’ils toucheront jusqu’à 500€ bruts de plus par mois en cas de chômage. D’autre part, ceux qui étaient sous les niveaux minimums exprimés ci-dessus sont aussi gagnants et toucheront un chômage 10% plus élevé, également pendant six mois.
Du côté des perdants, on retrouve ceux qui n’étaient ni sous le minimum, ni au-dessus du maximum. Il s’agit de travailleurs qui gagnaient entre 2700€ et 3430€ bruts. Selon les chiffres de Statbel, il s’agit de travailleurs dont les salaires sont compris parmi les 10% à 40% les plus faibles. Ceux-là ne toucheront pas 1€ de plus par cette nouvelle réforme, puisque le taux de remplacement n’est pas modifié.
Enfin, les grands perdants sont ceux qui sont au chômage pendant plus de 12 mois, car pour eux la dégressivité s’accélère, et parfois de 1150€ bruts d’un mois à l’autre. Les cohabitants sans charge de ménage, souvent les femmes, sont les plus durement touchés.
« Cette réforme correspond à ce que le gouvernement voulait, c’est-à-dire un droit un peu plus important pendant un an – et encore, pas pour tout le monde – et puis mettre les gens face à leurs responsabilités ensuite, analyse Philippe Defeyt. Que l’on soit d’accord ou pas d’accord avec ça, c’est un choix assumé par le gouvernement.«
À la fin de cette deuxième période de 12 mois, soit deux ans au total, les chômeurs sont alors exclus du système et peuvent se retourner vers le CPAS de leur commune pour obtenir le revenu d’intégration sociale s’ils rentrent dans les conditions.
Cette réforme corrige néanmoins l’une des critiques les plus fréquentes à l’encontre du système actuel. « La lisibilité du système actuel est médiocre, juge Bruno Vander Linden. Et pour les gens qui entrent le chômage, c’est aussi compliqué à comprendre. Donc un système plus simple et plus clair comme celui-ci sera davantage incitatif pour un retour vers l’emploi. Cela dit, ce n’est vrai que pour les personnes dont le profil peut être valorisé sur le marché du travail. Pour des profils plus compliqués, cela va simplement accélérer les difficultés financières après 12 mois ou lors de la fin de droits après deux ans.«
« Ces mesures contribueront ensemble à une meilleure protection sociale en cas de perte d’emploi, ainsi qu’à un renforcement de la dégressivité des allocations afin de stimuler la recherche active d’un emploi« , assure pour sa part le ministre de l’Emploi, David Clarinval (MR).