C’est acté dans « l’accord de Pâques » conclu ce week-end par le gouvernement De Wever : la Justice reçoit des moyens pour lutter notamment contre la surpopulation carcérale. C’est une des discussions qui a fait traîner en longueur les négociations sur le budget 2025, vendredi soir. Il est prévu dans l’accord obtenu que la justice recevrait des moyens à hauteur de 150 millions d’euros. Une somme jugée insuffisante par beaucoup.
La Justice réclame des moyens. Le gouvernement lui alloue 150 millions. Mais le gâteau risque d’être morcelé. Comme ses prédécesseurs, la ministre de la Justice souhaite s’attaquer à la surpopulation carcérale et fait appel à d’autres ministères pour vider 5000 places occupées.
« Le budget sera partagé avec d’autres ministres », a annoncé Annelies Verlinden à la sortie des discussions. « Car il est important que l’asile et l’immigration, par exemple, coopèrent déjà pour l’expulsion des détenus illégaux dans notre pays. Il est important que nous cherchions des solutions pour les personnes internées afin qu’elles reçoivent des soins appropriés. Il est important que nous puissions conclure des accords de retour. »
Ça va prendre des années
Du côté syndical, on ne demande pas mieux. On compte actuellement 13.500 détenus pour 11.000 place. Mais il reste quelques doutes. « Les internés n’ont pas leur place en prison. Des centres pour les internés devraient être construits mais ne le sont pas encore. Y a-t-il des investissements là-dedans ? Clairement, oui, mais ça va prendre du temps. C’est pas demain que ça va se faire », réagit Laurent Lardinois, secrétaire régional CGSP Bruxelles. « Idem pour envoyer des détenus purger leur peine dans leur pays, il faut des laissez-passer consulaires, il faut des accords bilatéraux. Ce n’est pas en deux mois qu’on règle ce genre de problèmes. Donc c’est clair que ça va prendre des années. »
Parmi les projets de la ministre de la Justice, prolonger la durée de vie de la prison de Saint-Gilles, installer de nouvelles cellules dans des conteneurs ou louer des places dans des prisons à l’étranger… une manière de serrer la vis.
« Nous sommes aujourd’hui confrontés à l’impunité », déclarait-elle vendredi soir. « Pour des raisons de surpopulation, il n’y a pas de place en prison pour les condamnés. Nous voulons absolument mettre un terme à cela et, parallèlement à cet exercice, nous allons également punir plus sévèrement certains délits. »
La surpopulation n’est pas prête d’être réglée
« Nous, on a des craintes », réagit Grégory Wallez, secrétaire fédéral CGSP. « On a des craintes quand on entend qu’on va prolonger la prison de Saint-Gilles. Ça veut dire que la surpopulation n’est pas prête d’être réglée. En plus, ce bâtiment nécessite beaucoup d’investissements pour le mettre aux normes et éviter un deuxième Forest. Moi, j’ai beaucoup de craintes par rapport à cela, oui. »
Dans les projets de la ministre, davantage d’exécutions des peines, moins de congés pénitentiaires. Les syndicats dans les prisons demandent plus de personnels pour atteindre les cadres. Un débat qui ne concerne pas que les prisons. C’est la Justice tout entière qui a bien besoin de moyens financiers et humains.