Et puis, on peut bien sûr faire appel à un expert, un numismate professionnel pour une évaluation plus précise mais ne rêvez pas trop, ils sont souvent lassés par ce genre de demandes qui les encombrent.
Alexandra, la conseillère du Comptoir de l’or, prend un air désolé : « Nous n’achetons quasi jamais de pièces de 2 euros qu’on nous présente, vous pouvez toujours regarder sur des sites de numismates en ligne. Là, quelquefois, il y a des personnes privées qui sont intéressées par ces pièces. Le tout est de les trouver et d’avoir l’exemplaire recherché. »
Mais bonne chance car les estimations qui circulent sur certains sites comme Argus2euros sont rarement atteintes. Il s’agit d’une valeur purement théorique qui ne s’impose à personne, c’est juste un indicateur, ni plus ni moins. La vraie difficulté consiste à trouver la personne qui recherche exactement ce que vous avez et qui est prête à mettre le prix.
Si le candidat vendeur est souvent déçu, il doit aussi se montrer méfiant car il existe des filous dans le domaine, de soi-disant experts qui tenteront de vous faire payer une évaluation exagérément optimiste en vous faisant miroiter une plus-value totalement illusoire ou qui essayeront au contraire de vous vendre des pièces faussement rares.
Dans sa boutique de la rue des Frippiers, Armand témoigne : « Je vois des prix ahurissants sur internet. Il y a par exemple une pièce grecque qui est mise en vente 20.000 euros sur un site en ligne. Or, je vends strictement la même dans mon magasin et elle coûte moins de 5 euros, 4,70 euros pour être précis. C’est donc de l’arnaque. »
Son voisin, vendeur de monnaie ancienne lui aussi, en rajoute une couche : « Il y a des opérations dont le but est clairement de créer une valeur artificielle. Cette histoire de pièce grecque en est un bel exemple. Il y a quelques années, elle avait été mise en vente à 80.000 euros. Personne ne l’avait achetée mais les médias en avaient parlé. Quelques mois plus tard, elle a été proposée à 2000 euros et une dizaine d’acheteurs se sont précipités, étant persuadés de faire une bonne affaire. C’est du pur marketing. »
Et le marchand de conclure avec philosophie : « Il faut toujours garder en tête que ce qui est rare est malheureusement rare ! Et si on accepte ce principe, on en déduit très vite que, sauf exception rarissime, une pièce de 2 euros vaut 2 euros, et pas plus. »