L’asbl gère l’arrondissement judiciaire de Mons et Tournai et s’efforce de faire coïncider les besoins et envies des enfants et des protuteurs. A chaque fois qu’un juge de la jeunesse prononce une déchéance des droits parentaux, l’asbl entre en action pour tenter de trouver la bonne personne, qui pourra endosser le rôle. « Je pense qu’il faut beaucoup de patience pour être tuteur, parce que ça prend du temps d’apprendre à se connaître et de pouvoir se faire confiance aussi. Il faut quand même être costaud au niveau de ses émotions. C’est un projet qui est hyper positif, autant pour le jeune que pour le protuteur. Mais c’est vrai que ça prend du temps. C’est un investissement dans le temps, aussi, puisque c’est jusqu’à la majorité du jeune, mais c’est également un investissement au niveau des responsabilités. Et puis il faut pouvoir avoir cette capacité de neutralité, de ne pas être dans le jugement et de pouvoir gérer aussi ses émotions« , précise encore Mona Bille.
Ces liens entre les tuteurs et les enfants qu’ils accompagnent sont parfois très forts. Et chacun a à y gagner, estime Cécile Populaire : « Elle nous amène à beaucoup réfléchir sur « de quoi un enfant a besoin pour s’épanouir, pour grandir, pour devenir autonome. Est-ce qu’on peut l’aider à construire des fondations solides malgré le fait qu’elle a qu’elle n’a plus ses parents avec elle ? […] C’est du partage, du don. Mais c’est réciproque. On reçoit beaucoup aussi. »
C’est exactement le même sentiment qui anime Philippe Hennuy. Ce jeune retraité de Mouscron, a rencontré son « petit protégé » il y a quelques mois. Philippe rêve de nouer avec l’adolescent le même lien qu’il a lui-même connu dans sa jeunesse avec un éducateur qu’il n’a jamais oublié, et avec qui il est toujours en contact, cinquante ans plus tard. « Je suis moi-même un ex-enfant du juge« , confie Philippe. « Et quand j’étais dans cette institution il y a plus de 50 ans, je m’étais lié d’amitié avec un éducateur stagiaire qui était là. Et à l’heure d’aujourd’hui, je suis toujours en contact avec cet éducateur. Même s’il est retourné vivre en Pologne depuis. J’ai gardé un tellement bon modèle de cette relation entre lui et moi que, j’espère le même lien avec ce avec ce jeune. Et plus tard, continuer à rester en contact avec lui. On verra ce que l’avenir dira« .
Je me suis dit : « c’est moi au même âge »
Ce qui motive la démarche de Philippe Hennuy, c’est de rendre, comme un juste retour des choses, la bienveillance dont il a fait l’objet lorsqu’il était lui-même adolescent. « Lorsque je l’ai vu sortir la toute première fois de l’institution […], il allait avoir quatorze ans. Je me suis dit : « c’est moi. C’est moi au même âge », s’émeut notre protuteur. Je me suis vraiment retrouvé en lui. Et même si au départ, le contact était un petit peu froid, distant, le temps de s’apprivoiser ; depuis, tout se déroule très bien« .
Service d’accompagnement des protutelles : Le Renouveau, Rue Octave Leduc, 15/2 à Tournai