Ces investisseurs s’enrichissent-ils vraiment grâce à la dette belge ? Pas vraiment à en croire Jean Deboutte qui indique que le taux moyen de remboursement est de 1,95% actuellement. Un taux encore très bas, précise-t-il. « Cela vient du fait qu’une bonne partie de notre dette a été enregistrée à taux bas, parfois négatif à la fin des années 2010, et sur de longues périodes« , se félicite-t-il. « Dans d’autres pays, ils sont déjà à 3% ou 4%. »
Mais forcément, ces obligations à taux 0% arrivent échéance et doivent être renouvelées aux taux actuels : 2,5% par an à court terme, 3% à 5 ans et 3,4% à 10 ans. Concrètement, « la charge de la dette augmente donc depuis 2022, mais pas la dette elle-même« , surprend Jean Deboutte. Du moins, si on ne compte pas en chiffre absolu (en « nominal »), mais en pourcentage du PIB.
Aujourd’hui, on utilise l’équivalent de 2,2% de notre PIB pour rembourser la dette. « C’était 9% dans les années 90 !« , rappelle Jean Deboutte. « Cela voulait dire qu’un franc sur cinq, à ce moment-là, était pour nos créanciers« , illustre-t-il en se basant sur le fait que le budget de l’Etat représente 50% du PIB.
Or, aujourd’hui, « avec un taux de remboursement moyen de 1,95%, on se trouve en dessous de la croissance du PIB (6,9% en 2021, 3% en 2022, 1,4% en 2023, ndlr), et donc le ratio entre dette et PIB est en baisse« , calcule-t-il.
Dans les chiffres, la dette a effectivement baissé entre 2014 (106%) et 2019 (97,5%), bien aidée par l’augmentation de la croissance économique, avant d’exploser à 111% en 2020 sous la crise Covid, et de baisser à nouveau autour de 103% aujourd’hui. « Mais cet effet négatif ne fonctionne évidemment plus si le déficit est trop élevé, et il va naturellement disparaître à mesure que le taux de remboursement moyen augmente, sous l’effet du remplacement des obligations à 0% par des obligations à 3%, annonce le directeur de l’Agence de la Dette. D’ici cinq années, il aurait totalement disparu.«