Si dans le passé, une banque centrale était tenue de conserver des stocks d’or pour garantir la valeur de la devise nationale, tout cela a évolué au cours du XXe siècle. Depuis 1976, ce n’est plus le cas. Détenir des devises telles que des dollars ou des francs suisses, par exemple, suffit pour constituer les réserves de change. Alors, si une banque centrale, comme la Banque Nationale de Belgique, continue à conserver de l’or, c’est pour diversifier ses actifs.
En théorie, donc, la BNB pourrait donc vendre de l’or qu’elle détient pour le remplacer par des devises. Au cours actuel de l’or, les 227 tonnes d’or sont évaluées à environ 20 milliards d’euros, contre 13,65 milliards en 2023.
Attention, cependant, la plus-value qui serait réalisée en cas de vente d’une partie de cet or n’aboutirait pas pour autant directement dans l’escarcelle du gouvernement. « Les réserves de change qui figurent au bilan de la Banque nationale sont les réserves officielles de la Belgique, que la Banque nationale détient et gère pour le compte de l’économie belge. La Banque nationale en est propriétaire mais elle ne peut pas en disposer librement« , précise la Banque sur son site. Ces réserves doivent servir à l’exercice des missions de la Banque en matière de politique monétaire et de politique de change. Or, depuis que la Belgique est entrée dans l’Euro, tout se décide à Frankfort, à la Banque Centrale Européenne (BCE). Et la mission de la BCE et donc des banques nationales qu’elle chapeaute, c’est avant tout de maîtriser l’inflation, pas de trouver des moyens budgétaires supplémentaires pour un gouvernement.
Ensuite, dans tous les cas, c’est la Banque Nationale qui déciderait de réaliser une vente d’or, car elle est une entité indépendante, mais elle devrait le faire en coordination avec la Banque Centrale Européenne pour ne pas déstabiliser l’équilibre monétaire européen. « On n’a plus notre monnaie nationale, on a une monnaie européenne dans une union monétaire. Si on dilapide complètement nos réserves, la Banque centrale européenne ne va pas être super contente« , résume Bertrand Candelon, Professeur de finance internationale à l’UCLouvain.
De l’avis d’experts, il est aussi loin d’être certain qu’affecter des plus-values réalisées par la Banque Nationale au budget de l’Etat soit faisable. Eventuellement, affecter cet argent à une réduction de la dette publique pourrait être une solution que l’Europe pourrait accepter. C’est d’ailleurs ce que le gouvernement Verhofstadt avait fait. Dans le cas présent, réduire le déficit de l’Etat belge pourrait permettre au gouvernement de dégager des marges pour emprunter de quoi financer ses dépenses militaires.
Ce qui est sûr, c’est qu’entre la période de la fin des années ’80, où la Belgique a pu envisager de vendre 1000 tonnes d’or, et la période actuelle, la grande différence, c’est précisément le contexte monétaire européen qui fixe d’autres règles et d’autres contraintes qui nécessiteront un fameux travail juridique avant d’envisager qu’une vente d’or soit la panacée.