Cela tombe bien, nos voisins français se sont déjà posés la question. L’Ademe, l’agence française pour la transition écologique, a même réalisé une vaste étude sur l’impact environnemental de la digitalisation des services culturels en 2022. Elle consacre un bon chapitre au livre papier et électronique.
Dans le cas du vrai livre, c’est surtout la fabrication du papier qui a le plus grand impact sur le changement climatique. Un livre de poche d’une centaine de pages sera logiquement moins énergivore qu’un livre grand format. Pour la fabrication d’un livre grand format de 21 centimètres sur 15, l’étude calcule une « pollution » équivalente à 900 grammes de CO2.
Dans le cas de la liseuse électronique, les livres sont des fichiers de très petite taille dont le poids numérique est négligeable dans le calcul de l’impact environnemental. Mais la fabrication de la tablette elle-même demande des ressources minérales et métalliques importantes. On considère que la fabrication d’une seule tablette représente l’équivalent de 45 kilos de CO2, c’est donc 50 fois plus qu’un livre papier neuf qu’on ne lit qu’une seule fois.
Et c’est là un détail important. « C’est quand même rare d’acheter un livre et de le jeter en suite, note Jonas Moerman, conseiller énergie chez Ecoconso. Si ce livre, on le donne à un ami ou on le partage avec plusieurs personnes, ça diminue d’autant son empreinte carbone, ça permet quelque part de l’amortir. Et donc en fait, on se rend compte qu’en ayant plusieurs utilisations d’un livre, on est largement au-dessous de la liseuse« .
Selon l’étude de l’Ademe, il faut lire au moins 10 livres par an sur une liseuse qu’on garde au moins 5 ans pour avoir un impact moindre sur le changement climatique. Il faut donc lire au moins 50 livres neufs à usage unique pour un impact équivalent à une seule liseuse. Si le livre est lu 2 fois, il faut en avoir lu au moins 100 sur sa liseuse pour un impact similaire.
Beaucoup de lecteurs apprécient l’aspect pratique de la liseuse : légère, adaptative (on peut changer la taille de la police par exemple), rétroéclairée la nuit… Mais en termes d’impact sur le changement climatique, elle serait donc à réserver aux lecteurs et lectrices qui lisent un très grand nombre de livres.