En Belgique, il existait toutefois une exception avant 1948 : même si elles ne pouvaient pas encore élire les députés et sénateurs à la Chambre, les femmes pouvaient déjà voter au niveau communal dès le début des années 20. Cette avancée s’inscrit directement au lendemain de la Première Guerre mondiale : la Belgique renvoie aux oubliettes le vote plural en instaurant le suffrage universel pur et simple. Un homme est égal désormais à une voix.
Et pour les femmes ? La question divise, alors on trouve déjà ce fameux compromis à la belge : au niveau communal, les femmes pourront voter. Toutes les femmes, sauf, précise la loi, les prostituées et les femmes adultères. Bien sûr, la loi ne dit rien des hommes adultères.
Au niveau national, le principe c’est que les femmes ne peuvent pas voter sauf quelques-unes. Les exceptions s’appliquent à celles qui ont été mises en prison en 14-18 par l’occupant allemand pour cause de patriotisme, celles qui ont perdu leur mari au combat ou dont le mari a été fusillé par l’occupant allemand. Bref, les veuves de guerre ont acquis le droit de vote, avec cette précision : les veuves non remariées. Si elles le font, elles perdent leur droit de vote.
Le principe du droit de vote aux femmes est aussi inscrit dans la Constitution de 1921, mais au futur : elles pourront voter quand une loi votée à la majorité des deux tiers le permettra.
Enfin, et c’est tout de même un paradoxe, les femmes ne sont donc pas électrices, mais elles sont éligibles : elles peuvent se présenter aux élections. En 1929, la Liégeoise Lucie Dejardin est la première femme élue à la Chambre.