Pour les auteurs, le coût de cette mesure et son manque de résultats doivent inviter à la réformer. Ce qui a déjà été fait deux fois. En janvier 2022, la réduction de cotisations patronales a été limitée à 4000 euros par trimestre, puis à 3100 euros par trimestre en janvier 2024.
Le gouvernement d’Alexander De Croo à la base de cette réforme a probablement jugé que le manque à gagner pour la sécurité sociale lié à cette mesure devenait trop important : 488 millions d’euros en 2023, selon les calculs des chercheurs qui précisent que ce montant est appelé à croître. « Chaque trimestre, on compte 5000 à 7000 premières embauches supplémentaires, que ce soit avec ou sans cette mesure, donc le budget va continuer à augmenter si rien n’est fait« , assure Bruno Van der Linde.
Le gouvernement De Wever indique dans l’accord de gouvernement qu’il réduira à 2000€ par trimestre le soutien à ce premier emploi, même si elle restera illimitée dans le temps. « C’est déjà un pas dans la bonne direction puisque ça devrait permettre des économies mais nous pensons qu’il faut aller plus loin, et qu’il faut envisager des réformes plus radicales« , plaide Bruno Van der Linde.
Ainsi proposent-ils de supprimer purement et simplement l’exemption de cotisations patronales sur la première embauche, « ainsi que pour les réductions temporaires pour les deuxième et troisième embauche tout en prévoyant des mesures transitoires pour les entreprises concernées.«
À cette piste, radicale, est accolée une deuxième solution : que cette exonération de cotisation ne soit plus illimitée dans le temps, mais temporaire. « Cela permettrait de réduire considérablement le coût budgétaire, tout en maintenant un soutien aux start-up« , plaide l’étude. Cette situation est en réalité celle qui prévalait avant la réforme de 2016. Ses auteurs précisent que leurs analyses ne permettent pas d’évaluer si ce système temporaire, et non plus permanent, est efficace.
Une troisième piste serait de réorienter le budget consacré à cette mesure vers un soutien ciblé aux jeunes entreprises, qui seraient identifiées comme les plus prometteuses. Et là encore, il s’agirait d’évaluer l’efficacité de cette nouvelle forme de soutien, « et d’apporter des ajustements rapides si les effets positifs ne se concrétisaient pas« .
Les résultats de cette étude menée par les chercheurs Bart Cockx (UGent, UCLouvain), Haotian Deng (UGent), Sam Desiere (UGent), Tiziano Toniolo (IRES / UCLouvain), Bruno Van der Linden (IRES / UCLouvain) sont discutés lors d’une conférence organisée ce vendredi 28 mars, en présence, entre-autres, de Steven Vanackere (Conseil supérieur de l’Emploi) ou de Marie-Hélène Ska (CSC).