Rumeur 1 : le SARS-CoV-2, œuvre de l’Institut Pasteur, a été programmé pour supprimer une partie de la population et faire des économies
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La rumeur vient d’une vidéo virale – pardonnez l’expression – publiée en 2020 dans laquelle un internaute explique que le coronavirus a été créé dans un laboratoire en France en 2003 et implique l’Institut Pasteur, célèbre fondation française qui a pour but de contribuer à la prévention et au traitement des maladies, en priorité infectieuses. Dans la vidéo, l’auteur affirme, document à l’appui, que nous n’avons aucune preuve que le coronavirus soit né à Wuhan, en Chine, et qu’il s’agirait plutôt d’une intervention gouvernementale brevetée et destinée à tuer et à faire du business.
Le consensus scientifique va en faveur d’une origine zoologique
« L’Institut Pasteur n’a pas créé le coronavirus« , confirme l’infectiologue et chef de clinique Nicolas Dauby (CHU Saint-Pierre). « Le consensus scientifique va en faveur d’une origine zoologique. L’hypothèse pour laquelle nous avons le plus de preuves est qu’il y a eu au moins deux débordements entre deux espèces animales vers l’homme car on a identifié deux variants au niveau du marché de Wuhan. » Il ne s’agirait pas du pangolin mais « du chien viverrin« , précise-t-il.
La Covid-19 n’a évidemment pas été programmée, mais il était prévisible qu’une nouvelle forme de Coronavirus émerge un jour
De ce fait, le coronavirus n’a donc pas été créé pour exterminer la population. Néanmoins « le coronavirus est probablement présent sur Terre depuis très longtemps« , reprend Nicolas Dauby. « Son potentiel pandémique est connu puisqu’avant le SARS-CoV-2, des coronavirus circulaient déjà toute l’année et étaient déjà le résultat du passage d’une espèce animale à l’homme. Cela a notamment été le cas en 2003 avec le SARS-CoV-1 et en 2012 avec le MERS-CoV. » Ainsi, « la Covid-19 n’a évidemment pas été programmée, mais il était prévisible qu’une nouvelle forme de Coronavirus émerge un jour. Et on l’a vu, dans une population naïve immunologiquement, ce virus a fait des ravages.«
Rumeur 2 : le confinement n’était pas nécessaire
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Sur les réseaux sociaux, on peut lire que le confinement « n’était pas nécessaire ». Or, s’il était contraignant, le confinement était bel et bien indispensable, rappellent Christelle Meuris et Nicolas Dauby. « Une étude de l’Institut Pasteur a révélé il y a quelques semaines que les pays qui ont confiné précocement ont une mortalité plus basse que ceux qui ont tardé à le faire« , informe Nicolas Dauby. Une étude que nous avons d’ailleurs détaillée dans cet article.
« La seule solution de ne pas attraper un virus est de ne pas le transmettre« , ajoute Christelle Meuris, « Or au départ, nous n’avions aucun traitement thérapeutique et aucun vaccin contre cette maladie dont le taux de complication était relativement sévère. Le confinement diminuait les contacts et les transmissions, c’était la dernière solution possible.«
Rumeur 3 : le vaccin est responsable de problèmes de santé
Info et intox
Pour cette rumeur, de la nuance s’impose. Nous avons d’abord lu que le vaccin pouvait engendrer des problèmes oculaires. « Je n’ai jamais entendu parler de problème aux yeux lié au vaccin contre la Covid-19« , répond Christelle Meuris.
Néanmoins, « lorsqu’un vaccin est administré à des personnes saines, il est très important d’avoir la surveillance d’une pharmacovigilance. Cela sert à surveiller que des événements secondaires qui n’auraient pas été détectés durant l’essais clinique n’apparaissent« , affirme Jean-Christophe Goffard, directeur du service de médecine interne à l’hôpital d’Erasme. Et rapidement, la pharmacovigilance a démontré que – comme pour tous les vaccins – des effets secondaires existaient. « Il y en a eu et nous avons eu de très mauvaises surprises« , confirme-t-il. On parle par exemple de thromboses. « A l’époque, ces cas étaient liés et induits par les vaccins AstraZeneca chez les personnes jeunes. Par la suite, on a donc fait en sorte que ce public ne soit plus vacciné par ce type de vaccin.«
Même constat pour le syndrome de Guillain-Barré. Cette maladie neurologique avec atteinte des nerfs périphériques a été reconnue comme effet indésirable très rare du vaccin AstraZeneca (différents des vaccins à ARN messager) contre la Covid-19 par l’Agence européenne du médicament (EMA) en 2021.
Nous avons ensuite lu que le vaccin pouvait être responsable du zona. Là encore, « il y a eu lors des premiers mois d’implémentation de la vaccination des cas de zona déclarés après l’administration d’un vaccin à ARN messager« , reconnaît Nicolas Dauby. « Nous ne comprenons pas bien les mécanismes… Mais le message que l’on peut faire, c’est qu’il existe un excellent vaccin contre le zona !«
Enfin, « des cas de myocardites, soit des inflammations au niveau du muscle cardiaque, ont été identifiés après qu’un vaccin à ARN messager, et surtout celui de Moderna, a été administré. C’est d’ailleurs la présence plus importante d’ARN messager dans le vaccin Moderna par rapport au vaccin de BioNTech par exemple qui nous fait penser que la dose d’ARN pouvait être responsable. » Là encore, la stratégie vaccinale a à nouveau été adaptée. Cependant, nous devons préciser que la contraction du coronavirus entraîne des risques plus élevés de développer une myocardite sévère.
En revanche, les vaccins contre la Covid ne semblent pas avoir provoqué le développement de cancers. « Les chiffres montrent qu’il n’y a pas d’incidence accrue« , rapporte Jean-Christophe Goffard.
Rumeur 4 : la prise d’antibiotiques, d’aspirine et de vitamine D en prévention diminue le risque de contracter le coronavirus
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« Les études ont montré que la prise chronique de vitamine D n’avait aucun impact sur la prévention des infections respiratoires dont le SARS-CoV-2« , reprend Nicolas Dauby. « Et je ne vois pas pourquoi on donnerait de l’aspirine en prévention d’une maladie infectieuse. » Et pour cause : « l’aspirine n’a aucun pouvoir antiviral », déclare Christelle Meuris. Par ailleurs, ingérer de l’aspirine sans motif valable « augmente le risque de saignement au niveau du tube digestif. Il faut être prudent« , précise Nicolas Dauby.
Quant aux antibiotiques, « lorsqu’un patient en a besoin, les avantages l’emportent souvent sur les risques d’effets secondaires ou de résistance. Cependant, lorsqu’ils ne sont pas nécessaires, ils n’apportent aucun bénéfice et comportent des risques. Leur utilisation inutile contribue donc à la propagation de la résistance aux antimicrobiens« , avait déclaré l’OMS l’an dernier. Or, selon l’Inserm (l’Institut national de la santé et de la recherche médicale), les antibiotiques ne sont efficaces que sur les bactéries et n’ont « aucun effet sur les virus ou les champignons« .