L’idée de la ministre Glatigny de marquer un temps d’arrêt avant d’envisager de généraliser le tronc commun à la troisième secondaire n’est pas vraiment appréciée par les acteurs du secteur de l’enseignement, notamment les associations de parents et les syndicats. « La feuille de route précise qu’il y a un tronc commun jusqu’à la fin de la troisième secondaire avec des activités pluridisciplinaires. Donc il faut qu’on tienne la feuille de route et qu’on aille jusqu’au bout parce que c’est le gage de réussite du Pacte pour un enseignement d’excellence« , réagit Roland Lahaye, secrétaire général de la CSC Enseignement.
« Toutes les enquêtes qui sont faites dans les pays de l’OCDE, qui ont un tronc commun, montrent que c’est comme ça qu’on réduit les écarts. C’est comme ça qu’on améliore les performances de l’enseignement. Et plus le tronc commun est long, plus les performances sont améliorées« , ajoute Roland Lahaye.
Le plus grand aménagement qu’il faudrait faire, c’est rassurer les profs
Roland Lahaye, secrétaire général de la CSC Enseignement
Par rapport au risque de perdre des emplois de profs en raison de la diminution du nombre de cours techniques en 3e secondaire lorsque le tronc commun y sera une réalité, les syndicats et les enseignants attendent d’être rassurés. « Le plus grand aménagement qu’il faudrait faire, c’est rassurer les profs », explique Roland Lahaye.
« Dans le pacte d’excellence, il était écrit que la réforme n’engendrera pas de pertes d’emplois. On pourrait perdre sa fonction, mais conserver un emploi dans l’enseignement« , poursuit-il. « Depuis longtemps, on demande des cellules de reconversion, on demande que des choses soient mises en place. On n’a toujours pas cette réponse-là« , ajoute Roland Lahaye.
Le son de cloche est semblable à la CGSP Enseignement. Là aussi, par rapport au risque de pertes d’emplois en 3e secondaire, on rappelle ce que la réforme du tronc commun prévoyait. Certes, il était attendu qu’il y ait moins d’emplois en 3e secondaire, explique Luc Toussaint, président de la CGSP Enseignement, mais « toute une catégorie de personnels devait être reclassée à d’autres niveaux« . « Cela devait être un tronc commun pluridisciplinaire et polytechnique. Donc, il y avait besoin de ce personnel-là à d’autres endroits dans le tronc commun, ce qui n’a malheureusement pas été fait« , poursuit Luc Toussaint. Et donc, pour le patron de la CGSP Enseignement, mieux vaudrait d’abord « valoriser les sections qualifiantes dans le tronc commun« , « avant de dire qu’on va arrêter la mise en place de ce qui est prévu dans quatre ans« .
Les PO eux aussi ne veulent pas d’une pause
On est donc peu en faveur d’une pause du côté syndical. On ne l’est pas plus du côté des pouvoirs organisateurs. « Le Segec a écrit à la ministre, il y a une dizaine de jours pour lui dire clairement que nous étions engagés dans un processus jusqu’à la troisième secondaire« , explique Alexandre Lodez, secrétaire général du Segec, le Secrétariat général de l’enseignement catholique. Le Segec est donc favorable au principe général du tronc commun « jusqu’à la troisième secondaire« . « On a pris le temps avec les parents, avec les syndicats, avec les fédérations pour se parler entre nous. Et on sent bien qu’il y en a un certain nombre qui parle d’une troisième qui devrait être plus orientante, plus polytechnique. Je dirais que notre position pour le moment, c’est que nous ne sommes pas demandeurs, mais nous sommes ouverts à la discussion« , explique Alexandre Lodez.
Ce mardi, la ministre Glatigny, les syndicats et les fédérations de pouvoirs organisateurs devaient se voir pour entamer un travail de réflexion sur la question de l’allongement du tronc commun à la troisième secondaire.