En Italie, c’est le début du cauchemar. Dans le nord du pays, les cercueils s’empilent dans les morgues. L’hôpital de Crémone est submergé. Le spectacle est épouvantable : des dizaines de patients sont couchés sur le ventre, des électrodes posées sur leur dos nu.
Nous devons endormir les patients et les placer sur le ventre. Cela représente un effort considérable, mais cela ne veut pas dire que cela donne à tous les coups de bons résultats
Sous leur combinaison bleue, derrière leur visière en plastique les soignants racontent leur détresse, épuisés : « Nous sommes habitués à voir des cas graves des patients en fin de vie. Mais une telle avalanche de personnes en danger de mort, nous n’y sommes pas habitués« .
Les informations venues d’Italie donnent des visages à une pandémie qui jusqu’ici n’a fait qu’une dizaine de morts chez nous, en Belgique.
Le week-end du 15 mars, tout bascule. Les gouvernements du pays se parlent. Le message des experts est formel : les mesures qui viennent d’être prises ne suffiront pas. La fermeture des lieux de rassemblement, (écoles, théâtres, restaurants) n’est qu’une première étape. Il faut empêcher autant que possible les gens de sortir de chez eux. L’inimaginable est alors mis sur la table : le confinement général du pays.
Parmi les ministres, certains sont convaincus, d’autres toujours pas. Mais des milliers de détails devaient être réglés. Christie Morreale, qui était ministre wallonne de la Santé, se remémore cet instant, quand le confinement avait tout juste été décidé mais pas encore annoncé à la population. « J’étais à Bruxelles et je voyais les gens attablés qui prenaient l’apéro sur les terrasses, etc. Et il y avait cette douceur de vivre qui était en énorme contraste avec ce que j’avais comme situation. En me disant ‘demain tout va basculer et tout va être vide’. On n’imagine pas que le monde peut, d’une certaine manière, s’arrêter« .