« C’est plus qu’une décision symbolique« , précise François Desquesnes, le ministre wallon des Pouvoirs locaux, qui dévoile cette information en exclusivité à la RTBF.
Selon l’estimation du comité d’acquisition qui m’a été transmise, la valeur du terrain est évaluée à 317.000 euros. C’est cinq fois le montant du prix d’achat
François Desquesnes, le ministre wallon des Pouvoirs locaux
« Dans le dossier Humani (ex-ISPPC), j’ai pris la décision d’annuler la décision du conseil d’administration de l’intercommunale : soit d’annuler la volonté d’acheter un terrain à 1,6 million d’euros, car c’est de la mauvaise gestion », explique le ministre Desquesnes. « Selon l’estimation du comité d’acquisition qui m’a été transmise, la valeur du terrain est évaluée à 317.000 euros. C’est cinq fois le montant du prix d’achat. »
Le ministre continue : « J’ai estimé que l’intérêt général avait été complètement bafoué. C’est une décision juridique qui pourrait entraîner l’annulation effective de la vente du terrain, si le dossier va en justice. J’ai aussi transmis au parquet tous les éléments en ma possession », précise-t-il.
« Toutes les pièces qui m’ont été transmises me semblent particulièrement lourdes et posent de sérieuses questions, y compris sur le plan judiciaire. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé d’écrire aujourd’hui au Procureur du Roi pour lui transmettre l’intégralité des pièces que mon administration avait récoltées auprès d’Humani« , détaille le ministre.
Résumé des faits
Pour bien comprendre, il faut remonter au 9 janvier 2024. Ce jour-là, trois perquisitions ont été menées pour des faits présumés de corruption en lien avec l’intercommunale Humani, spécialisée dans les soins de santé à Charleroi et aux alentours. Le président de l’intercommunale au moment de la révélation des faits, Karalabos Raptis, a reçu un versement de 100.000 euros, sur son compte privé, de la part des vendeurs d’un terrain à Humani. Au-delà de ce potentiel pot-de-vin, le montant d’achat du terrain, situé à Châtelineau, interpellait déjà à l’époque : 1,6 million d’euros alors que le terrain avait été acheté 26.000 euros par les précédents propriétaires.
À la suite de différentes révélations dans la presse et interpellations de la part de députés, le ministre des Pouvoirs locaux, François Desquesnes, a demandé à son administration de mener une enquête administrative. Le rapport final vient de lui être rendu et voilà la première décision qui en découle. Le ministre a donc décidé d’annuler la décision d’achat du terrain, sur base de trois éléments « très graves« , précise le ministre :
- Il n’y a eu aucune étude préalable sur le projet. Le terrain a été acheté sans déterminer précisément ce qu’on voulait y faire.
- Il n’y a eu aucune évaluation réalisée pour la valeur du terrain acheté.
- Le terrain (qui n’est par ailleurs pas urbanisable) a été estimé par le comité d’acquisition à 317.000 euros, soit un montant 5 fois moins important que le prix d’achat d’1,6 million d’euros.