Le PS a lancé ce week-end le coup d’envoi de son opération de refondation. Plutôt qu’un grand congrès, une série de réunions sont organisées au niveau local, pour une opération « sans tabou« .
Quels tabous pour le PS ?
Ce sera, qui sait, le premier enseignement de ces rencontres : quels sont aujourd’hui les tabous du PS ? Laïcité ? Lien avec les syndicats ? Nom du parti ? Paul Magnette à la présidence ? Au fond, mener une opération sans tabou révèle qu’une organisation comme le PS est en crise d’identité. Qui est le PS ? Quel est son ADN, quelles sont ses valeurs fondamentales ? À quoi sert-il encore ? L’identité même des socialistes est aujourd’hui en débat. Il y a 40 ans, en 1985, quand le PS fêtait son centenaire, cette identité allait de soi. Dans un reportage de l’époque le JT de la RTBF constat, sur un fond de violons tragiques, que le PS est « le parti qui a transformé les miséreux en travailleurs respectés« .
Ce grand récit semblait aller de soi. Le PS était largement crédité d’être le parti du respect des travailleurs et de la dignité sociale grâce, en particulier, à la sécurité sociale. Personne à gauche ni à droite ne concurrence le PS sur cette question. Ecolo est encore un tout petit parti, surtout présent sur les questions environnementales, et le PTB est microscopique. Deux ans plus tard, en 1987, le PS atteint les 40% en Wallonie : près d’un Wallon sur deux vote pour le PS.
Une longue chute pour les socialistes depuis 1987
Le PS a quasiment diminué de moitié depuis lors, une lente dégringolade électorale qui ne semble pas vouloir cesser. Même si la proportion de francophones qui votent à droite et à gauche n’a pas beaucoup changé depuis 40 ans, ce qui a changé, c’est que le PS n’organise plus, ne structure plus comme avant la société. L’élément le plus marquant n’est pas tant la baisse électorale des socialistes et la montée de ses concurrents que la baisse structurelle de ses militants. Une évolution qui dépasse les questions stratégiques et tactiques, et qui révèle une mutation sociologique profonde vers un individualisme de plus en plus ancré.
Paul Magnette disait dans une interview avant les élections que la gauche avait « moins un problème de doctrine qu’un problème de stratégie« . N’est-ce pas là le premier tabou qu’il faudrait affronter ? Est-ce que la doctrine socialiste est encore adaptée au monde actuel ? Je ne préjuge pas de la réponse, mais il est évident qu’il n’y aura pas de refondation si les débats portent uniquement sur la stratégie et pas l’essence même du socialisme.