Dans un message solennel diffusé ce mercredi soir sur la chaîne Al Aoula, le roi Mohammed VI, Commandeur des croyants, a appelé les Marocains à renoncer exceptionnellement au rite du sacrifice animal durant l’Aïd Al-Adha 2025. Une décision inédite, justifiée par une conjoncture climatique et économique critique, et fondée sur une interprétation religieuse visant à « préserver l’intérêt général ».
Une décision motivée par l’urgence écologique et sociale
Depuis la mosquée Hassan à Rabat, où il présidait une cérémonie en l’honneur du Mawlid, le Souverain a détaillé les raisons de cette suspension temporaire. « La sécheresse prolongée, la pression sur les ressources en eau et l’effondrement de 40 % du cheptel national rendent insoutenable le sacrifice traditionnel», a-t-il expliqué, soulignant le risque de pénurie et de flambée des prix des moutons.
Appuyé par une fatwa du Conseil supérieur des Oulémas, Mohammed VI a invoqué le principe islamique de « daroura » (nécessité), autorisant la suspension d’une pratique religieuse en cas de crise majeure. « Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité », a-t-il rappelé, citant le Coran (2:286).
Un sacrifice symbolique au nom de la nation
En sa qualité d’Amir Al-Mouminine, le roi a annoncé qu’un sacrifice unique serait réalisé en son nom et au nom de tous les Marocains, suivant l’exemple du Prophète Mohammed (PSL) qui offrait une bête pour l’ensemble de la Oumma. Cette initiative, supervisée par le ministère des Habous, garantira une distribution équitable de la viande aux plus démunis à travers le Royaume.
Le monarque a insisté sur le caractère non obligatoire du rite cette année : « Celui qui possède les moyens et souhaite accomplir le sacrifice peut le faire, mais nous encourageons tous à privilégier l’aumône (Sadaqa) envers les victimes des récentes inondations.»
Maintenir l’esprit de l’Aïd sans le rite animal
Si le sacrifice est suspendu, les autres dimensions spirituelles de la fête restent intactes. La prière collective de l’Aïd sera maintenue dans les mosquées et msallah, tandis que le Souverain a appelé à « renforcer les liens familiaux et la solidarité en ces temps d’épreuve ». Un plan d’urgence de 2 milliards de dirhams a parallèlement été débloqué pour soutenir les éleveurs touchés par la crise.
Réactions mitigées et appels au calme
- Ahmed Toufiq, ministre des Habous, a qualifié la décision d’« acte de sagesse conforme à la charia ».
- Des associations d’éleveurs ont exprimé leur « compréhension », tout en réclamant des aides immédiates.
- Sur les réseaux sociaux, le hashtag #AïdSansSacrifice a suscité des débats passionnés, entre soutien à la démarche écologique et attachement aux traditions.
Cette annonce marque un tournant dans l’histoire religieuse du Maroc, illustrant la capacité des autorités à concilier impératifs spirituels et réalités terrestres sous l’autorité du Commandeur des croyants.