Dans un tournant surprenant des affaires religieuses et commerciales, la Grande Mosquée de Paris se retrouve au cœur d’une controverse qui soulève des questions sur la transparence et l’intégrité des processus de certification Halal. Une récente enquête menée par Algérie Part, rapportée par le journaliste Abdou Semmar, a mis en lumière un système complexe et opaque, où des intérêts financiers colossaux semblent primer sur la légitimité spirituelle.
Le 19 décembre 2022, Chems-eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, a obtenu un mandat exclusif du gouvernement algérien pour certifier la licéité Halal des denrées alimentaires importées de France et de l’Union Européenne. Cette décision, apparemment en faveur d’une association religieuse, masque en réalité la création d’une société privée, la SAS GMPCH, qui devient le véritable bénéficiaire de ce marché lucratif.
Ce montage financier, émanant d’une intervention personnelle d’Abdelmadjid Tebboune, le président algérien, suscite des préoccupations sur les motivations derrière cette initiative. En conférant à la Grande Mosquée de Paris un monopole unique, le régime algérien ouvre la porte à des profits considérables, sans contrôle indépendant sur l’utilisation des fonds.
Les produits concernés vont des viandes et produits d’origine animale aux confiseries, en passant par les additifs alimentaires. Cette large gamme de produits alimentaires stratégiques soulève des inquiétudes quant à la qualité et à la conformité des denrées qui parviennent sur le marché algérien.
Ce système, qui semble favoriser des intérêts particuliers sous couvert de légitimité religieuse, pourrait avoir des implications profondes sur la confiance des consommateurs et sur les pratiques commerciales en Algérie. En fin de compte, la question demeure : qui profite réellement de cette certification Halal, et à quel prix pour la transparence et la moralité des échanges commerciaux ?
Alors que la Grande Mosquée de Paris s’impose comme un acteur clé dans la certification Halal, il est essentiel de se demander si cette démarche est véritablement au service des consommateurs ou si elle n’est qu’une façade pour un business florissant, géré dans l’ombre. L’avenir de la certification Halal en Algérie dépendra de la capacité des autorités à garantir une régulation rigoureuse et à préserver l’intégrité de cette pratique essentielle.
Source : Algérie Part, enquête sur la certification Halal par la Grande Mosquée de Paris, rapportée par Abdou Semmar.