L’auditorium du Bureau européen de l’Église de Scientologie pour les affaires publiques et les droits humains était en effervescence, alors que des leaders d’opinion, des universitaires et des curieux se réunissaient pour l’événement inaugural d’une nouvelle série de discussions philosophiques et religieuses. Organisée par Ivan Arjona, président du Bureau européen de l’Église de Scientologie, cette série vise à dissiper les mythes entourant les différents systèmes de croyance ou de mouvance de pensée diverses, et à favoriser la compréhension et à encourager le dialogue entre les différentes visions du monde.
« Il s’agit de la première d’une série de conversations avec des leaders de différentes philosophies et religions », a expliqué M. Arjona dans son discours d’ouverture. « Notre objectif est d’explorer leurs complexités, de percer leurs mystères et de construire des ponts de compréhension ».
La première session a accueilli Philippe Liénard, écrivain, avocat, ancien magistrat, conférencier et expert reconnu de la franc-maçonnerie. Connu pour sa capacité à concilier rigueur historique et récit accessible, M. Liénard a présenté un exposé éclairant sur l’histoire, le symbolisme et la philosophie de la franc-maçonnerie, tout en s’attaquant aux idées fausses les plus répandues sur cette tradition.
La franc-maçonnerie : Une tradition mal comprise
M. Liénard a commencé par répondre à la curiosité de l’auditoire : « La franc-maçonnerie n’est pas une société secrète », a-t-il déclaré. « C’est une société discrète qui a des secrets, des secrets que sont à vivre « . Elle propose de descendre en soi pour y trouver cette richesse intérieure que nous possédons tous, un peu comme le proposait Socrate, pour se mieux connaître et accoucher du meilleur.
Retraçant ses racines historiques, M. Liénard a expliqué que la franc-maçonnerie a officiellement vu le jour en 1717 avec la création de la Grande Loge de Londres et de Westminster. Cependant, ses origines sont bien plus anciennes, enracinées dans d’anciennes traditions philosophiques et symboliques. Il a souligné l’attrait universel de la franc-maçonnerie, qui transcende les frontières culturelles et géographiques : « C’est un mouvement en constante évolution, façonné par l’époque et les personnes qui le composent ».
M. Liénard a également réfuté les mythes liant la franc-maçonnerie aux théories du complot. « La franc-maçonnerie n’a pas pour but de dominer le monde », a-t-il déclaré. Elle invite à l’amélioration personnelle et à travailler au progrès de l’humanité de même qu’à l’harmonie entre soi et les autres, chacun à son rythme et avec ses moyens.
Le langage des symboles
L’utilisation du symbolisme est au cœur de la franc-maçonnerie, un sujet que Liénard a exploré en profondeur. Il a expliqué que des outils comme le compas et l’équerre ne sont à interpréter librement. Le compas peut symboliser l’esprit, dont l’ouverture est possible et souhaitable, et l’équerre, la matière. Il y a d’autres interprétations possibles.
Les rituels jouent également un rôle important. « Lorsqu’on devient franc-maçon, on entre par une porte basse et étroite », explique M. Liénard. « Cela symbolise la naissance et le début d’un voyage vers l’amélioration de soi.
Il a souligné que les symboles de la franc-maçonnerie ne sont pas propres à la tradition mais empruntés à des civilisations plus anciennes. « Le soleil et la lune, par exemple, sont d’anciens symboles de dualité et d’équilibre, apparus dans des cultures bien avant les Romains. « La franc-maçonnerie n’a pas inventé ces symboles, elle les a hérités, tout comme elle a hérité de son éthique philosophique. Il a également expliqué que le triangle comportant un œil en son centre n’est pas maçonnique à l’origine, mais chrétien.
Une tradition d’inclusion et de controverse
M Liénard a souligné l »exclusion historique des femmes en franc-maçonnerie telle qu’elle résulte des Constitutions d’Anderson de 1723, tout comme pour les handicapés et les esclaves. Il a également souligné l’existence aux USA de deux Grandes Loges par Etat, l’une caucasienne, pour ne pas dire blanche, et l’autre dite de Prince hall, rassemblant les minorités ethniques dont les afro-américains.
Il a toutefois souligné l’évolution notamment et surtout dans la franc-maçonnerie libérale, qui selon les caractéristiques et les choix de certaines obédiences, des fédérations de loges, permettent de travailler en mixité, entre hommes ou entre femmes. Ce phénomène se remarque en divers pays et fortement en France et en Belgique. « Les loges mixtes et des loges réservées aux femmes jouent un rôle actif dans la construction de l’avenir de la franc-maçonnerie, comme celles où il n’y a que des hommes », a-t-il fait remarquer.
La franc-maçonnerie dans le monde moderne
M. Liénard estime que la franc-maçonnerie reste d’actualité au XXIe siècle. « La franc-maçonnerie est un espace de dialogue et d’exploration éthique. C’est un lieu où les gens peuvent s’interroger, apprendre et évoluer sans jugement ». Les loges permettent d’échanger librement, en toute égalité et en fraternité, respectueusement et sans promouvoir des valeurs liberticides.
Il a réfuté l’idée que la franc-maçonnerie est un outil de réseautage ou d’ascension sociale. « Oui, il arrive que des individus utilisent la fraternité à des fins personnelles », a-t-il admis. « Mais l’immense majorité des francs-maçons sont des gens honnêtes et ordinaires qui cherchent à s’améliorer. Nul ne prétend imposer ses idées ou son point de vue, ou une quelconque vérité révélée.
Pour illustrer le fondement éthique de la franc-maçonnerie, M. Liénard a cité le marquis de Condorcet : « La vérité appartient à ceux qui la cherchent et non à ceux qui prétendent la détenir. C’est l’essence même de la franc-maçonnerie : il s’agit d’un cheminement, personnel à chacun.
Un espace de questions et de réflexion
Le public a été invité à poser des questions, ce qui a suscité une discussion animée. L’un des participants s’est enquis de la relation entre la franc-maçonnerie et les anciens tailleurs de pierre, ce qui a incité M. Liénard à préciser : « La franc-maçonnerie n’est pas le descendant direct des guildes médiévales », a-t-il déclaré. « Il s’agit plutôt d’un cousin philosophique, qui emprunte des structures organisationnelles et des symboles, mais qui évolue vers quelque chose de différent.
Un autre participant a demandé comment la franc-maçonnerie concilie ses traditions avec les valeurs modernes. « La franc-maçonnerie est un miroir de la société », a répondu M. Liénard. « La franc-maçonnerie évolue avec la société. Elle n’est pas statique, elle est dynamique.»
Remarques finales : Accepter les différences
Dans son discours de clôture, M. Liénard a invité l’auditoire à accepter la diversité des pensées et des cultures. Il a cité Antoine de Saint-Exupéry : « ‘Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me nuire, tu m’enrichis’. C’est ce que la franc-maçonnerie véhicule, sans la moindre contrainte. Il faut assumer les différences constructives et pas les craindre ».
Ivan Arjona a conclu la soirée en réfléchissant à la mission plus large de la série. « La conférence de ce soir a eté le mieux début », a-t-il déclaré. « Grâce à ces discussions, nous souhaitons favoriser une meilleure compréhension entre des personnes de philosophies et de religions différentes. Ce faisant, nous espérons créer un monde où le dialogue remplace la division ».
En plus d’être une exploration de la franc-maçonnerie, la conférence de Philippe Liénard était un appel à la curiosité, au dialogue et au dépassement de soi. En perçant les mystères de cette ancienne tradition, il a offert aux participants non seulement des connaissances, mais aussi une inspiration pour que chacun recherche sa vérité et l’harmonie dans sa propre vie.
Cet événement marque un bon départ pour la série de conférences de l’Église de Scientologie, fixant un niveau élevé pour les discussions futures qui promettent d’éclairer d’autres philosophies et systèmes de croyance.