Budapest- La Hongrie reste le pays le plus corrompu de l’Union européenne, selon l’indice de perception de la corruption (IPC) 2023 publié en janvier dernier par Transparency International. Malgré certaines réformes judiciaires visant à sécuriser les fonds de l’UE, la corruption systémique continue de miner la gouvernance de la Hongrie, suscitant d’importantes inquiétudes alors que le pays est devenu le nouvel État membre président du Conseil de l’UE à compter du 1er juillet 2024.
La Hongrie règne au bas du classement
La Hongrie s’est retrouvée en bas de la liste pour l’année, parmi les États membres de l’UE, avec un score de 42 points sur l’échelle de 100 points de l’indice de perception de la corruption, où 0 représente le niveau le plus élevé et 100 le niveau le plus bas de corruption perçue. Même si le pays s’est légèrement amélioré dans le classement mondial, passant de la 77e à la 76e place sur 180 pays, cette avancée mineure ne fait pas grand-chose pour contrecarrer la perception et la réalité d’une corruption généralisée au niveau national.
Le rapport national de Transparency International Hongrie, publié à Budapest, met en lumière la question de la corruption. Même si certaines réformes ont été mises en œuvre, elles sont jugées insuffisantes pour restaurer l’État de droit et lutter efficacement contre la corruption.
Réformes judiciaires : une goutte d’eau dans l’océan
Le gouvernement hongrois a apporté quelques changements à son système, en raison de l’influence de l’Union européenne. Le UE a lié l’allocation des fonds de la politique de cohésion à ces réformes. En décembre 2023, 10,2 milliards d’euros ont été débloqués par la Commission européenne à la suite de ces changements représentant le décaissement des fonds de l’UE après des inquiétudes croissantes concernant le manque de respect de l’État de droit par la Hongrie.
Cependant, Transparency International Hongrie a souligné que ces actions ne parviennent pas à garantir l’autonomie. L’autorité et les capacités de l’Autorité d’intégrité et du Groupe de travail anti-corruption établis sont jugées insuffisantes pour lutter efficacement contre la corruption. Les efforts du gouvernement, tels que le renforcement de la protection des secrets d’affaires et l’imposition d’obstacles à l’accès aux données d’intérêt public, sont considérés davantage comme des mesures que comme des solutions holistiques.
Motivations politiques derrière l’examen de Transparency International Hongrie
L’enquête menée par le Bureau de protection de la souveraineté (SPO) sur Transparency International Hongrie a encore compliqué les problèmes de corruption et de gouvernance en Hongrie. Globalement, Transparency International a critiqué cette action, estimant qu’elle était politiquement motivée pour saper les activités de corruption des ONG. Cette enquête a suscité des inquiétudes quant à la sécurité des informations, au sein de l’ONG, mettant en péril son travail vital de lutte contre la corruption. La législation hongroise sur la protection des données doit s’aligner sur l’article 2, paragraphe 1, et le considérant (15) du RGPD afin de garantir la suprématie du droit européen et des réglementations au sein du RGPD. Selon les arrêts de la Cour européenne de justice, les États membres sont tenus de respecter strictement les dispositions du RGPD, sans déroger à cette règle.
Contexte économique et régional
La situation économique de la Hongrie reflète les défis auxquels elle est confrontée en matière de corruption. En ce qui concerne le PIB par personne, la Hongrie se situe derrière les pays voisins qui font mieux que Bulgarie, la Croatie et la Roumanie au sein de l’UE. En comparaison, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie démontrent des performances et des efforts de lutte contre la corruption.
Bien que la Hongrie ait un taux d’investissement élevé, cela n’a pas conduit à une croissance économique. Cela suggère que les fonds n’ont peut-être pas été utilisés efficacement en raison d’activités liées aux marchés publics. Transparency International Hongrie souligne que malgré quelques améliorations, en réduisant les appels d’offres uniques, le système de passation des marchés publics continue de lutter contre l’influence et manque de concurrence sur le marché.
Le rôle de la Hongrie en tant que présidente du Conseil de l’UE
À mesure que la Hongrie assume la présidence de la Commission européenne, ces questions deviennent plus importantes. La position de leader du pays suscite des inquiétudes quant à la manière dont les diverses priorités de l’UE, celles concernant l’État de droit et la lutte contre la corruption, seront traitées. L’examen des actions de la Hongrie et de leur harmonie avec les principes de l’UE devrait s’intensifier.
Les problèmes persistants de corruption de la Hongrie, ainsi que sa position dominante au sein de l’UE, soulignent l’importance urgente d’un véritable changement et d’une véritable responsabilité. Même si quelques légères améliorations ont été constatées dans l’IPC, elles sont éclipsées par les luttes en cours contre une corruption profondément enracinée, l’absence d’autonomie judiciaire. Alors que la Hongrie assume un rôle de premier plan au sein de la Commission européenne, les observateurs mondiaux surveilleront de près si elle peut résoudre efficacement ses problèmes de corruption et ouvrir la voie à la transparence et à la gouvernance.
Les références:
- Transparence Internationale. (2024). Transparency International condamne l’enquête sur la Hongrie.
- Actualités AP. (2024). Le gouvernement hongrois enquête sur Transparency International.
- Transparence Internationale. (2024). Indice de perception de la corruption.
Publié à l’origine dans The European Times.