La coalition d’ONG du Faith and Freedom Summit III a conclu ses conférences en montrant l’impact et les défis des organisations confessionnelles au service de la communauté européenne.
Dans un environnement accueillant et prometteur, dans les murs du Parlement européen, une réunion s’est tenue le 18 avril dernier où près de 40 participants avec des dignitaires de divers mouvements religieux, des journalistes, des politiciens et des activistes activement présents sur la scène sociale, étaient présents.
La conférence, la troisième d’une série qui en comptera quatre au Panama en septembre prochain, a été organisée par la coalition d’ONG Faith and Freedom Summit, et a été accueillie au Parlement européen par l’eurodéputée française Maxette Pirbakas, qui, outre l’accueil des participants, a souligné l’attention que le Parlement européen porte au rôle de la religion dans la société, même si elle a souvent été manipulée à des fins spéculatives.
Le sommet visait à explorer l’action sociale des organisations confessionnelles en Europe et leur rôle crucial dans la construction d’une société plus résiliente. Après tout, les organisations confessionnelles jouent un rôle important en relevant les défis sociétaux, en promouvant la cohésion sociale et en défendant les valeurs de la foi et de la liberté dans l’Union européenne (UE). Les participants ont eu l’occasion d’utiliser cette plateforme pour discuter des défis qu’ils rencontrent, mais aussi des opportunités et de l’impact nécessaires pour créer une société plus inclusive et durable sur le vieux continent.
Ils ont prononcé des discours intéressants et éducatifs dans lesquels les mots « faire de celui-là un monde meilleur » et « pratiquer ce que nous prêchons » ont résonné plusieurs fois dans la salle, et la volonté a été un dénominateur commun au point que de nouvelles alliances ont commencé à se définir sur une scène animée et collaborative.
L’événement a réuni des catholiques, des hindouistes de la tradition Shiva, des chrétiens adventistes, des musulmans, des scientologues, des Sikhs, des francs-maçons, etc. et près d’une douzaine d’orateurs de haut niveau au sein des différentes religions et mouvements de pensée.
Lors de son discours inaugural, la députée française Maxette Pirbakas a cherché à promouvoir le dialogue et la compréhension autour de la liberté religieuse dans l’UE. Elle a appelé à trouver une « voie médiane » entre le modèle français de laïcité et l’approche anglo-saxonne, en affirmant les identités individuelles. Après la présentation introductive et stimulante de l’eurodéputée Pirbakas, le volant de la conférence a été pris par Ivan Arjona-Pelado, représentant de la Scientologie auprès de l’UE, de l’OSCE et de l’ONU, qui est devenu le modérateur de la session, passant rapidement d’un orateur à l’autre en veillant à ce que le temps imparti permette de poursuivre la discussion à la fin de la séance.
La parlementaire européenne Pirbakas a été suivie par Lahcen Hammouch, co-organisateur et PDG du Bruxelles Media Group. Dans un discours émouvant, M. Hammouch, défenseur de la communauté et champion du dialogue et de la création de liens, a souligné l’importance de l’unité dans un monde divisé, en insistant sur le concept du « vivre ensemble ». Il a encouragé les individus à dépasser les préjugés et les jugements négatifs pour favoriser les interactions et les désaccords respectueux. Fort de son expérience dans la promotion de la paix, M. Hammouch s’est engagé à combler les fossés entre des personnes d’origines diverses et à faire entendre la voix de ceux qui sont marginalisés. Il a critiqué les barrières érigées par des pays comme la France à l’encontre des minorités religieuses et a appelé à la reconnaissance mutuelle et à l’intégration sans préjugés. Le plaidoyer de M. Hammouch en faveur du dialogue, des valeurs partagées et des efforts collectifs pour maintenir la coexistence a touché une corde sensible, soulignant le rôle de chacun dans l’évolution vers une communauté mondiale plus inclusive et plus tolérante.
Arjona a ensuite donné la parole à Joao Martins, directeur régional pour l’Europe de l’ADRA (Adventists Development and Relief Agency). En évoquant la mission d’ADRA en Europe, M. Martins a souligné le rôle de la foi dans la poursuite de la justice. ADRA, une importante ONG confessionnelle ancrée « dans les valeurs chrétiennes de compassion et de courage, utilise une approche théologique unique qui intègre la foi à un engagement proactif dans la lutte contre les injustices sociétales par le biais de partenariats avec les églises ». L’ONG mobilise activement les bénévoles des églises pour les secours en cas de catastrophe, le soutien aux réfugiés et les initiatives communautaires, transformant les églises en abris en cas de crise et défendant des causes telles que l’accès à l’éducation. M. Martins a souligné l’engagement durable d’ADRA en faveur des principes bibliques de justice, de compassion et d’amour, montrant comment les convictions religieuses peuvent renforcer la défense des personnes vulnérables et des droits de l’homme au fil des décennies, tout en appelant à la coopération avec d’autres confessions.
Passant du christianisme à l’hindouisme, Arjona a ensuite fait le pont avec Bhairavananda Saraswati Swami, président et directeur du Shiva Forum Europe. Le Swami, un chef spirituel hindou d’Audenarde, en Belgique, a mis l’accent sur l’unité interconfessionnelle, l’autonomisation des jeunes et l’égalité des sexes dans son discours, établissant des comparaisons entre les croyances hindoues et les pratiques de la Scientologie. Connu sous le nom de Bhairav Ananda, il a mis en avant les enseignements de Shiva sur l’introspection et le développement spirituel, prônant le développement personnel et la collaboration entre les religions en temps de crise. Embrassant l’énergie commune homme-femme et s’inspirant des initiatives d’autres religions, il a déclaré vouloir créer une communauté inclusive, proposer des ateliers de méditation et promouvoir les droits humains.
Ensuite, c’était au tour d’Olivia McDuff, représentante de l’Église de Scientologie Internationale (CSI), de parler du travail effectué par les organisations religieuses et de souligner l’importance de l’unité religieuse. Mme McDuff, qui supervise les programmes de la Scientologie, a mis l’accent sur les activités bénévoles et caritatives qui passent inaperçues et qui sont entreprises par des groupes religieux dans le monde entier, appelant à une plus grande attention à ces efforts. Elle a présenté diverses initiatives menées par les scientologues, telles que des programmes de prévention de la toxicomanie, des campagnes éducatives, des opérations de réponse aux catastrophes et des programmes d’éducation aux valeurs morales qui impliquent une collaboration entre scientologues et non-scientologues.
En évoquant le fondateur de la Scientologie, L. Ron Hubbard, Mme McDuff a souligné le rôle de la religion dans la société et a plaidé en faveur du soutien aux autres religions pour qu’elles aient un impact positif sur le monde. Elle a conclu en encourageant la collaboration entre les religions et en soulignant l’engagement de la Scientologie à travailler ensemble pour un progrès collectif et des projets humanitaires communs.
Arjona a ensuite donné la parole à Ettore Botter, représentant les Ministres Volontaires de la Scientologie d’Italie, qui a montré une vidéo de la réponse rapide et de l’impact des efforts de secours des Ministres Volontaires en temps de catastrophes naturelles. M. Botter a mis l’accent sur la mission de service qui est au cœur du travail des ministres volontaires, en soulignant leurs efforts dévoués pour fournir une assistance essentielle à la suite de tremblements de terre, d’inondations et d’autres crises à travers l’Europe et au-delà. A l’aide d’images fortes et de témoignages de première main, M. Botter a détaillé l’approche pratique des ministres volontaires, qu’il s’agisse d’aider des villages oubliés en Croatie, de soutenir des communautés touchées par des inondations en Italie ou d’apporter une aide humanitaire en Ukraine. Les chemises jaune vif des ministres volontaires « sont devenues un symbole d’espoir et de travail acharné », incarnant leur engagement à servir les communautés dans le besoin.
Thierry Valle, président de l’ONG CAP Liberte de Conscience, a ensuite éclairé les participants en retraçant l’impact historique des organisations confessionnelles et des minorités religieuses sur la société européenne. M. Valle a souligné les rôles essentiels joués par ces groupes de la Renaissance à nos jours, en insistant sur leurs contributions à la paix, à l’égalité sociale et aux droits individuels. Des efforts diplomatiques de l’Église catholique à la Renaissance à la défense de la paix et de la justice par les Quakers au XVIIe siècle, M. Valle a montré comment les mouvements religieux ont défendu les droits de l’homme et les causes de justice sociale. Il a également souligné l’influence des nouveaux mouvements religieux du XXe siècle, tels que les Églises évangéliques et l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, dans l’élaboration du discours sociétal et la défense de questions mondiales telles que la gestion de l’environnement et la réduction de la pauvreté. Le discours de M. Valle a souligné le pouvoir durable de la foi dans la promotion de la paix, de la justice et du progrès social, en mettant en évidence la pertinence des organisations confessionnelles pour relever les défis contemporains et façonner un avenir plus inclusif et plus compatissant pour l’Europe.
Willy Fautre, fondateur de Droits de l’homme sans frontières, introduit par Arjona-Pelado dans la discussion, a apporté une perspective unique à la conférence, en se concentrant sur les défis auxquels sont confrontées les organisations religieuses lorsque leurs efforts humanitaires sont considérés comme un moyen de faire du prosélytisme ou de perturber le statu quo dans certaines régions. M. Fautre s’est penché sur les difficultés rencontrées par les groupes religieux lorsqu’ils mènent des actions caritatives sous la bannière d’une entité religieuse. Il a mis en lumière des cas où l’aide humanitaire apportée par des groupes religieux a été interprétée à tort comme des tactiques de conversion secrètes, ce qui a conduit à l’hostilité et à la ségrégation. M. Fautre a appelé à une discussion nuancée sur l’octroi aux organisations religieuses de la liberté de mener des activités caritatives sans suspicion ou préjugés injustifiés, soulignant l’importance de sauvegarder l’expression religieuse dans la sphère publique.
Ensuite, c’était au tour d’Éric Roux, membre du comité exécutif de l’Initiative des religions unies (URI) (et coprésident de la table ronde FoRB de l’UE à Bruxelles), de plaider en faveur d’une collaboration accrue entre les groupes confessionnels par le biais de la coalition interconfessionnelle de l’URI.
Soulignant le rôle de l’URI en tant qu’organisation internationale promouvant la coopération interconfessionnelle et l’amélioration de la société, M. Roux a insisté sur l’importance de la collaboration entre les diverses traditions religieuses et spirituelles. Le plaidoyer passionné de M. Roux a souligné que la coopération était la clé de la lutte contre l’extrémisme religieux et de la recherche de solutions aux conflits mondiaux, positionnant l’URI comme une plateforme permettant d’amplifier l’impact du travail des différentes communautés religieuses.
Comme dernier orateur avant la discussion et la conclusion de l’hôte de l’événement, les participants ont écouté le Dr Philippe Liénard, avocat, ancien juge, auteur et figure éminente de la Franc-maçonnerie au niveau européen, qui a partagé des idées sur l’organisation séculaire lors de son discours à la conférence. Liénard a exprimé sa gratitude pour l’organisation de l’événement et a souligné que la franc-maçonnerie était une entité diversifiée, 95% adhérant aux croyances théistes de la Grande Loge Unie d’Angleterre et 5% embrassant des principes libéraux permettant des croyances variées. Il a souligné que la franc-maçonnerie était une plateforme pour la libre pensée et l’amélioration morale, promouvant des vertus telles que la sagesse et la tolérance pour le bénéfice de l’humanité. Liénard a souligné les valeurs fondamentales de la franc-maçonnerie, à savoir le respect de toutes les religions et philosophies, en insistant sur l’importance de l’honnêteté, de la liberté de pensée et du bon caractère pour les membres. Il a appelé à la construction de ponts entre les diverses communautés et philosophies, en accord avec l’éthique de la franc-maçonnerie d’ouverture et de service aux autres.
D’autres personnes ayant participé au sommet et exprimé leur point de vue étaient la juriste et auteur Marianne Bruck, Khadija Chentouf de Kaizen Life ASBL, Raiza Maduro de HWPL, le professeur Liviu Olteanu, Refka Elech de Peacefully Connected, Patricia Haveman de MundoYoUnido, et bien d’autres encore.
L’eurodéputée Maxette Pirbakas a exprimé sa gratitude envers les participants de différents pays à la conférence, soulignant l’importance d’apprendre des perspectives religieuses des uns et des autres. Maxette Pirbakas, qui s’identifie à la fois comme hindoue et chrétienne, s’est inquiétée de la politisation de la religion au sein du Parlement européen, notant une tendance à se concentrer sur les questions religieuses et d’immigration. Elle a appelé à la compréhension et à la coopération entre les différentes confessions, soulignant la nécessité de combattre les stéréotypes et de promouvoir l’unité. Mme Pirbakas a souligné l’importance du partage d’expériences et de l’organisation de séminaires pour favoriser le dialogue et le respect mutuel, plaidant pour une société plus inclusive et harmonieuse. Malgré les défis auxquels elle est confrontée en tant que femme politique, Mme Pirbakas reste déterminée à défendre les droits de l’homme et la coexistence pacifique.